
La banque saint-galloise a fait les frais de la baisse des taux d’intérêt au premier semestre. Elle a toutefois renforcé sa clientèle commerciale. La plupart de ces nouveaux clients étaient auparavant chez CREDIT SUISSE et UBS
Raiffeisen veut profiter de la chute de CREDIT SUISSE pour accroître sa clientèle commerciale et semble avoir fait un pas dans cette direction. Au cours du premier semestre 2024, la deuxième banque helvétique a enregistré davantage de clients entreprises: quelque 3000 firmes ont rejoint le giron de la coopérative tandis qu’au total 14 000 nouveaux clients et clientes ont été enregistrés entre janvier et juin. «C’est surtout dans le secteur des moyennes et grandes entreprises que Raiffeisen a progressé, tant au niveau des dépôts que des prêts», indique mercredi l’établissement à l’occasion de la publication de ses résultats à mi-parcours.
L’augmentation de l’ensemble des emprunts à la clientèle privée et à la clientèle entreprises s’élève à 4,5 milliards de francs ( 2%). Sur ce montant, environ 1,4 milliard de francs provient des opérations avec les firmes. Au total, la banque affiche 227 milliards de francs de prêts et crédits accordés à ses clients à fin juin 2024 au niveau de son bilan.
### Des migrations de
CREDIT SUISSE et UBS
«La grande partie de ces nouvelles sociétés étaient auparavant chez
CREDIT SUISSE et UBS», a déclaré le directeur général Heinz Huber lors d’une téléconférence, tout en relevant que la croissance des crédits aux sociétés s’est relevée plus importante que les semestres précédents. Actuellement le saint-gallois gagne un franc sur cinq avec la clientèle commerciale.
Lors d’une interview accordée au _Temps_ en juillet, le patron de la coopérative avait souligné que le transfert de clients de
CREDIT SUISSE et
UBS vers la concurrence se faisait avec un certain décalage. «La clientèle privée prend son temps. Les personnes ouvrent un compte chez nous et après elles réfléchissent à ce qu’elles veulent faire. Le fait qu’UBS et
CREDIT SUISSE ont fusionné les rassure aussi. La clientèle entreprise agit différemment. Si une société était déjà chez
UBS et
CREDIT SUISSE, elle préfère chercher une banque supplémentaire pour réduire les risques. Elle prend aussi le temps d’analyser quel établissement bancaire peut répondre au mieux à ses besoins», avait souligné celui qui a pris les rênes en 2019.
Après la reprise de
CREDIT SUISSE,
UBS a par ailleurs modifié les conditions d’octroi de crédits à l’endroit de certains clients de son ex-concurrente, jugeant les prix qui avaient été fixés auparavant comme insuffisants pour assurer une croissance «durable». Le patron d’UBS Sergio Ermotti, tout en se défendant d’avoir doublé systématiquement les prix et abuser de sa position dominante a déclaré la semaine dernière qu’UBS ne comptait pas «subventionner les crédits» de certaines entreprises.
### Un bénéfice en berne
Tout comme nombre de ses concurrents, suite à la baisse des taux d’intérêt par la Banque nationale suisse, le bénéfice net de Raiffeisen s’est contracté. Ce dernier s’est établi à 642 millions de francs, un repli de 8,4%, résultat plus ou moins conforme aux attentes de l’établissement après l’année record de 2023. Les recettes ont quant à elles diminué de 4,4% à 1,95 milliard de francs.
Raiffeisen s’est cependant renforcée dans son cœur de métier, à savoir le marché hypothécaire. Les créances dans ce secteur ont augmenté de 3,8 milliards de francs pour atteindre 214,8 milliards de francs ( 1,8%) au 30 juin. Sa part de marché s’élève à 17,9%, selon le communiqué.
«Les prix de l’immobilier ainsi que les loyers devraient continuer à augmenter en raison de la pénurie d’offres. Le niveau plus bas des taux d’intérêt pourrait relancer la demande de logements en propriété, qui a récemment baissé», anticipe la banque.
Au cours des prochains mois, Raiffeisen s’attend toujours à une évolution solide des affaires et à un bon résultat annuel. Ce dernier n’atteindra toutefois pas le niveau exceptionnel de l’exercice précédent.