
Propriété de Migros jusqu’en 2020, la chaîne de grands magasins n’a pas renoué avec la rentabilité, selon NZZ am Sonntag. Central Group, son repreneur, s’impatiente, d’autant plus qu’un prêt de 125 millions de francs doit être prochainement remboursé par Globus
En 2020, après des mois de recherches et avant même d’avoir lancé sa restructuration historique, Migros annonçait enfin la reprise de Globus par une coentreprise formée du groupe immobilier autrichien Signa et du thaïlandais Central Group. Suite à la faillite de son partenaire, la société asiatique spécialisée dans la grande distribution est devenue propriétaire unique l’an dernier de la chaîne de grands magasins fondée en 1907 à Zurich.
De facto, l’opération rend Central Group aussi redevable des dettes contractées par Globus dont un prêt de 125 millions de francs accordé pendant la pandémie par Migros. Le géant orange a confirmé à NZZ am Sonntag que celui-ci arrivait à échéance ce printemps. Selon les informations du journal dominical, le nouveau propriétaire de Globus n’a aucune envie d’injecter des capitaux supplémentaires dans l’entreprise suisse. Ces cinq dernières années, des investissements considérables ont déjà été consentis dans de nombreuses filiales, notamment à Zurich et Bâle. Sans que le groupe ait réussi à retrouver les chiffres noirs, affirme le média alémanique qui, malgré ses nombreuses sollicitations, n’a pas reçu de réponses à ses nombreuses questions ni de Globus ni de Central Group.
Rabais à gogo
Selon le journal zurichois, le groupe thaïlandais commence à perdre patience, ce qui s’est traduit pas d’importants changements observables dans les rayons de ses neuf magasins suisses – dont un à Genève et un à Lausanne. Alors qu’en 2020, le succès devait être retrouvé grâce à un positionnement résolument haut de gamme, un tout autre chemin semble suivi depuis que Pierluigi Cocchini, patron des grands magasins italiens La Rinascente, a pris la tête des opérations. Appelé à la rescousse en février, celui-ci applique depuis la même recette que dans son pays, multipliant les rabais et les ventes thématiques. Un rapide coup d’œil sur le site de Globus confirme une tendance que NZZ am Sonntag juge risquée puisque la clientèle ne va plus vouloir payer plein pot, préférant attendre des offres spéciales.
Les recherches du média révèlent qu’à l’instar de l’ancien directeur Franco Savastano, plusieurs personnes ont quitté la tête de l’entreprise, de plein gré ou via des licenciements. Une partie croissante des activités est pilotée directement depuis l’Italie. Quelque 160 personnes travailleraient encore au siège social de l’entreprise en Suisse mais ce nombre pourrait encore se réduire: pour baisser les coûts de location, un déménagement est prévu. A en croire certaines sources, les nouveaux locaux ne pourraient accueillir que 45 à 55 personnes.
Un loyer bien trop élevé
Ce déménagement ne résoudra toutefois pas tous les problèmes financiers de Globus, qui doit payer un loyer élevé pour son magasin phare de la Bahnhofstrasse à Zurich. Selon les informations de NZZ am Sonntag, le coût annuel de la location se monte à quelque 25 millions de francs, soit 17% du chiffre d’affaires, un niveau jugé bien trop élevé.
Le bâtiment appartient pour moitié à Central Group mais l’autre partie s’est retrouvée dans la masse en faillite de l’empire Signa. Son propriétaire déchu René Benko avait pour habitude de placer la barre haut pour rentabiliser ses investissements. Ce qui, visiblement, n’a pas suffi à empêcher sa chute en 2023. L’ancien magnat autrichien de l’immobilier a été condamné mi-octobre à deux ans de prison. Il n’en a pas fini avec la justice, d’autres procédures judiciaires étant en cours.