Coup de projecteur sur quatre jeunes marques horlogères
L’horlogerie est un vieux métier qui attire la jeunesse. Il n’y a pas de statistiques officielles, mais le cheptel de marques se renouvelle sans cesse. Quand l’une disparaît, une autre éclôt
La jeunesse sans arrogance ça n’a aucun charme, dit-on. Alors épinglons d’emblée le pectoral des nouveaux venus qui pensent révolutionner le monde de la montre, bien certains de marcher dans les pas d’Antoine Norbert de Patek ou Hans Wilsdorf. Heureusement pour eux, l’industrie a la mémoire courte et ne retient que les succès. Car la barrière à l’entrée est basse, mais l’échelle manque d’échelons. S’il est facile de fabriquer une montre, tenir dans la durée tient de l’exception, et les créations de marques sont au moins aussi nombreuses que les faillites. Pas de quoi refroidir l’enthousiasme des candidats, qui se lancent en masse avec la hardiesse du sang frais. Tous les candidats ne sont d’ailleurs pas novices.
DENNISON ALD Dual Time
Double fuseau horaire Boîtier acier 725 francs
Sans médire d’aucune manière, Dennison mérite bien son surnom de «Piaget du pauvre». L’inspiration vient tout droit des années 1960-1970, quand la montre s’habillait en jet-set et que la montre chic se portait en ultra-plat. Emmanuel Gueit, designer officiel de Dennison (qui a notamment dessiné la Royal Oak Offshore d’Audemars Piguet), connaît bien la recette, il est tombé dans le chaudron tout petit, son père fut un pionnier du stylisme horloger: un boîtier coussin tout fin, un cadran en pierre semi-précieuse. La marque est (re) lancée en 2024. Le nouveau modèle est sorti cet automne. Tout le reste est ancien: Aaron Lufkin Dennison est entré en horlogerie en 1850.
Cette marque née au printemps 2023 n’a pas fini de faire parler d’elle, car de bonnes fées se sont penchées sur son berceau. Des rois mages plutôt, puisque SpaceOne a trois pères fondateurs, tous Français et des cracks dans leur partie. Guillaume Laidet est l’homme d’affaires, Théo Auffret l’horloger, Olivier Gamiette le designer. Ils se sont donné pour mission de faire entrer l’horlogerie un peu folle dans un segment de prix pas trop délirant. A chaque fois il y a une petite complication. Le premier modèle avait une heure sautante, le deuxième embarquait un tellurium, la troisième présente les heures du monde. Mouvement suisse, assemblage à Paris.
Officiellement, Kollokium n’est pas une marque et «aussi cliché et convenu» que cela puisse paraître, le projet est en effet plus proche d’un groupe électro-pop que d’une Rolex sur liste d’attente. Derrière le nom, il y a un trio qui n’est pas né de la dernière pluie: un dirigeant en série (Manuel Emch), un designer émérite (Barth Nussbaumer) et un messager (Amr Sindi). La première montre est présentée en décembre 2023 et devient virale en quelques heures. Le deuxième opus sort maintenant. Encore plus spectaculaire que le précédent: le cadran est pavé de 67 plaques assemblées comme les courbes topographiques d’une exoplanète.
Heure, minute, seconde Boîtier titane grade 23 4200 francs
Laventure est la plus vieille jeune marque de la sélection. Le lancement remonte à 2017, à travers une campagne de financement participatif. Toute la marque est portée par un seul homme, le designer neuchâtelois Clément Gaud. Il est indépendant comme pas deux. D’ailleurs, il est seul et fait tout lui-même, producteur-auteur-compositeur-interprète, du dessin jusqu’à l’assemblage, la logistique et les images. Il se ressource en nature, soigne ses allures d’homme des bois et ses montres lui ressemblent. Toutes ses créations tiennent dans le même boîtier aux flancs ailés. En série toujours très limitée (100 pièces sur la Marine Type 3).