
CHRONIQUE. La Suisse est un géant aux pieds d’argile qui refuse de voir que la situation devient critique. Trente ans après la parution du «livre blanc» de David de Pury et Cie, la Suisse doit avoir le courage d’un nouveau départ
En décembre, nous fêterons les 30 ans d’Ayons le courage d’un nouveau départ, un «livre blanc» qui a marqué la Suisse. Dans ce livre publié en 1995, le Neuchâtelois David de Pury partageait, accompagné de professeurs et de représentants de l’économie, une inquiétude au sujet de la perte de compétitivité de la Suisse et du risque de subir un déclassement. Ils ne cessaient de répéter que «seule une Suisse prospère sur le plan économique peut être une Suisse sociale». Pour atteindre ce but, leur «livre blanc» conseillait plusieurs réformes de fond. Notamment la privatisation des PTT et l’ouverture à la concurrence, ou encore l’introduction de mécanismes qui freinent l’augmentation incontrôlée des dépenses publiques.
Publié quelques mois après les élections fédérales de 1995, dans le but d’influencer l’agenda de la législature à venir, le «livre blanc» fit un tabac inattendu pour un ouvrage de la sorte. Trente-quatre mille exemplaires se vendirent en Suisse alémanique. Les réactions furent virulentes. Avec le recul, cela étonne, car plusieurs réformes paraissent aujourd’hui banales. Mais c’est oublier le contexte d’alors et le fait que ces propositions furent vécues comme révolutionnaires par une partie de la population. Au moment de la publication de l’ouvrage, la Suisse se trouve à la croisée des chemins. Sur le plan politique, elle reste marquée par la violence des débats qui a mené à un refus de l’adhésion de la Suisse à l’Espace économique européen en 1992. Le paysage politique se recompose, avec une montée en puissance des forces sceptiques envers un rapprochement politique avec le reste de l’Europe. Les finances fédérales et l’endettement du pays inquiètent. Sur le plan économique, la situation est également peu reluisante, avec une croissance ralentie.
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