
Au début de XXe siècle, la volonté de la Serbie de se défaire de la domination austro-hongroise conduit à des mesures de représailles sur le commerce de porcs. Economie et géopolitique s’entremêlent pour faire exploser la poudrière des Balkans
Une guerre commerciale peut finir par alimenter le risque de guerre tout court, avec des cochons comme personnages principaux. C’est ce qui s’est passé en mars 1906 entre l’Autriche-Hongrie et la Serbie, lorsque Vienne a interdit l’importation de porcs vivants. Cette mesure ne visait pas n’importe quel goret, mais uniquement le cochon serbe. On retrouve dans cette histoire de nombreux ingrédients d’une bonne crise, économique et politique: protectionnisme, patriotisme, volonté hégémonique régionale. Avec les tensions ethniques dans les Balkans du début du XXe siècle comme carburant de l’escalade qui aboutira à la Première Guerre mondiale.
«Ces Serbes nous enlèvent le pain de la bouche. Celui qui achète un cochon en Autriche-Hongrie doit acheter un cochon de race hongroise. C’est juste. C’est raisonnable. C’est patriotique.» C’est ainsi que sont résumées les tensions commerciales entre l’Autriche-Hongrie et la Serbie des années 1900 dans un article d’Herbert Elliston, futur rédacteur en chef du Washington Post, dans The Atlantic. A l’époque, l’Autriche-Hongrie avait à la fois une plénitude de cochons et un problème de cochons: l’invasion du porcus Serbianus.
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