
Il y a 50 ans exactement, cet inventeur français imaginait la carte mémoire à circuit intégré qu’utilisera bientôt le monde entier pour payer ou téléphoner. Retour sur le parcours hors norme d’un Géo Trouvetou génial
Lorsqu’il ouvre sa porte aux caméras, on remarque d’abord sa dégaine, impayable. Moue blasée et grosses lunettes de geek, il prend la pose, cigarette au bec devant son journal. Nous sommes en 1968. Roland Moreno a 23 ans et des airs de petit génie goguenard. Sur ces vieilles images de l’INA, tirées d’une émission de l’ORTF, on découvre en noir et blanc son antre de jeune inventeur où s’accumulent les «gadgets électroniques qui ne servent à rien». Tour du propriétaire: un petit appareil qui reproduit le chant d’un oiseau, un orgue sans touches, une machine à faire sauter des allumettes (littéralement) ou à tirer à pile ou face. Pour qui, pour quoi? Pour s’occuper les mains, lâche-t-il, désinvolte. «Sinon, je suis obligé de manger, de me gratter le nez, de me ronger les ongles.»
Moins de dix ans plus tard, c’est ce cerveau curieux et légèrement anarchique qui imaginera l’une des avancées technologiques les plus marquantes du siècle dernier: la carte à microcircuit. Autrement dit, ces petits rectangles de plastique incrustés d’un circuit électronique, logés dans nos cartes bancaires ou nos cartes SIM. Un micro-ordinateur de moins d’un millimètre d’épaisseur, dont la mémoire est capable de stocker des données et de les protéger contre toute modification indésirable. Visant à allier sécurité et commodité, l’innovation, qui fête ses 50 ans cette année, a révolutionné nos quotidiens – vous en avez probablement une sur vous en ce moment même. Roland Moreno, l’as de la carte à puce: qui y aurait cru? Sa mère, peut-être.
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