Les révélations continuent après la fuite de données Cyprus Confidential qui a mis en lumière les liens entre banques suisses et oligarques russes. Début 2022, la première banque du pays opérait «un grand nettoyage pour diminuer son exposition à la Russie», relate ce jeudi relate la cellule enquête de Tamedia
«Propagandistes de Poutine», «militaro-industriels» ou encore «amoureux de la Suisse». La fuite de données Cyprus Confidential mise en lumière mercredi par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), décrit comment l’île méditerranéenne est devenue une plaque tournante du blanchiment d’argent russe. La cellule enquête de Tamedia qui s’est emparé du volet suisse détaille ainsi qu’au moins vingt oligarques possédaient un ou plusieurs comptes en Suisse après 2014, la première invasion russe de l’Ukraine.
Ils sont fabricants d’armes, propagandistes ou proches de Poutine et ont pendant plusieurs années tenu des comptes en Suisse. Les deux grandes banques,
UBS et
CREDIT SUISSE, aujourd’hui fusionnées, étaient de loin leurs établissements préférés. Alexeï Mordachov, proche de Poutine, avait de nombreux comptes chez
UBS jusqu’à l’an dernier.
### Un refuge bancaire ironique
La première banque du pays avait néanmoins commencé [«à faire le ménage dans sa clientèle avant la guerre en Ukraine»](https://www.tdg.ch/fuite-de-donnees-cyprus-confidential-des-russes-chasses-par-ubs-ont-trouve-refuge-dans-les-banques-americaines-837364705378), comme le soulignent les journaux de Tamedia ce jeudi. «Après le début de l’invasion de l’Ukraine en 2022, les banques occidentales se sont délestées de milliards d’actifs appartenant à des Russes. […] selon plusieurs initiés, une bonne partie de l’argent est sortie d’UBS pour trouver refuge dans de grandes banques basées à New York, à Londres ou à Paris. Et la plupart de ces transferts sont intervenus après le début de l’invasion de l’Ukraine en février 2022».
Le refuge bancaire américain des oligarques Russes a de quoi surprendre. L’opération de nettoyage menée par
UBS émane en partie de signaux d’alarme venus des États-Unis «Des cercles très proches de l’administration américaine nous ont annoncé un changement d’attitude radical envers la dictature de Poutine», raconte un ancien banquier haut placé, dans les colonnes de Tamedia.
«Fin 2021, selon plusieurs sources, les actifs russes au sein de la banque se montent alors à environ 50 milliards de francs.» Le coup de balai d’UBS lancé en janvier 2022 s’étend des oligarques aux avocats, notaires, ou encore aux fiduciaires. «Les actifs russes d’UBS sont ainsi passés de 50 à 20 milliards de francs environ. Sur cette somme, quelque 2 milliards sont aujourd’hui bloqués du fait des sanctions», détaille les journaux de Tamedia.
Plusieurs questions subsistent et notamment celle de savoir où sont passés les clients. «Une partie est rentrée en Russie. […] d’autres Russes ont encore pu se réfugier dans des banques occidentales, dont beaucoup n’ont pas vu venir le danger. Parmi elles, on trouve des établissements helvétiques comme
CREDIT SUISSE (CS), qui était alors indépendant». Lorsque
UBS a avalé
CREDIT SUISSE en mars 2023, la future première banque a fait de la chasse aux avoirs russes l’une de ses priorités.
Contacté par la cellule enquête de Tamedia, le secteur bancaire de la Finma, «qui devrait avoir connaissance des fonds russes qui ont quitté»
UBS n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet.
