
Passé par les multinationales Nestlé et Mondelez, Ralph Perroud avait pris les rênes de la firme fribourgeoise en août 2023 avec pour mission de la redresser
Il était supposé trouver une nouvelle recette pour Cremo mais n’a visiblement pas su convaincre. Ralph Perroud quitte le fabricant de produits laitiers fribourgeois avec effet immédiat, apprend-on dans un communiqué de presse publié jeudi soir. Xavier Monange, directeur Transformation & Gouvernance, lui succède ad interim à la tête de la société basée à Villars-sur-Glâne.
«Malgré les efforts menés, les résultats observés à ce jour ainsi que les perspectives pour l’exercice en cours demeurent en deçà des attentes, relève le conseil d’administration dans sa communication. Dans cette perspective, les deux parties ont convenu qu’un changement de gouvernance et une nouvelle dynamique étaient nécessaires pour accompagner la poursuite du redressement de Cremo».
C’est avec cette mission que Ralph Perroud a pris la tête de l’entreprise en 2023. Ancien directeur de Fromage Gruyère, passé par les multinationales Nestlé et Mondelez, il a pris les rênes de la firme fribourgeoise en août 2023 avec pour mission de sauver une entreprise qui fêtera ses 100 ans en 2027.
Dans un entretien accordé au Temps, Ralph Perroud faisait part en mai dernier de ses projets et de sa stratégie pour remettre la société de 700 employés sur les rails. «Cremo est une belle endormie, avec des marques fantastiques, certes un peu poussiéreuses, mais nous avons tout en main pour bien faire», soulignait-il alors, sans cacher l’ampleur du défi auquel il s’était attelé.
Une année difficile
Deuxième transformateur de lait en Suisse derrière le groupe lucernois Emmi, Cremo enchaîne les pertes depuis plusieurs années. La situation s’est aggravée en 2022 avec un déficit de 21,5 millions de francs, faisant craindre pour la pérennité du fleuron fribourgeois. L’an dernier, il était resté dans les chiffres rouges, avec une perte de 16,9 millions de francs.
S’il se montrait encore optimiste au printemps, le manager livrait un message plus inquiétant en début de mois. L’entreprise de Villars-sur-Glâne était confrontée à un contexte issu des restrictions de production du gruyère AOP, en lien notamment avec les droits de douane américains. «Dans notre situation, ce n’est pas simple à gérer», confiait Ralph Perroud à La Liberté.
L’entreprise avait connu en plus un début d’incendie à Villars-sur-Glâne en mars ainsi que des pannes. «J’espère que nous diminuerons les pertes par rapport à 2024, mais cela reste un exercice compliqué», notait son directeur général auprès du quotidien fribourgeois. L’incendie a arrêté la production de gruyère et de vacherin fribourgeois pendant plusieurs semaines.
«Nous avons aussi connu des casses sur la beurrerie cet été. Nous avons engagé 5 millions dans le remplacement de cette installation. Nous espérons finaliser cet investissement prioritaire d’ici à l’automne 2026», ajoutait Ralph Perroud dans cette interview, probablement sans savoir qu’il ne serait plus à la barre de l’entreprise à cet horizon.