
Des études relayées par la presse dominicale constatent que seule une entreprise sur trois recense des salariés de soixante ans ou plus. Ce qui contraste avec le vieillissement de la population
Au bureau, les séniors font défaut. C’est ce qu’indique un récent livre sur le sujet («Les séniors en entreprise: plus que jamais indispensables!» Costantino Serafini, AvantAge, Éd. Favre, 2025), évoqué par Le Matin Dimanche aujourd’hui. Les employés de soixante ans ou plus se font rares dans le monde du travail, quand bien même la population suisse tend à être de plus en plus âgée.
En 2024, l’institut MIS Trend a sondé plus de 400 sociétés romandes, surtout des PME, et il en est ressorti qu’en moyenne deux entreprises sur dix ne recensent pas de collaborateur de plus de 55 ans. Dans plus de la moitié des cas, seul un salarié a atteint la soixantaine, et un tiers des entreprises sondées n’employait aucun sexagénaire.
Une autre étude relayée par la presse dominicale, publiée à la mi-octobre et menée par les cabinets Von Rundstedt & Partner et HR Today affirme, que les trois quarts des 1500 responsables RH et cadres qu’ils ont interrogés font état d’une «discrimination générale liée à l’âge». L’enquête indique pourtant que la plupart de ces mêmes dirigeants affirment que le recrutement cible les séniors. L’Union patronale suisse assure aussi que le recrutement des séniors est une priorité, en ces temps de pénurie de main-d’œuvre.
Disparités selon les secteurs
Il y a des disparités selon les secteurs. Dans la pharma ou dans l’énergie, davantage de séniors sont recrutés, les milieux industriels ayant particulièrement besoin de profils expérimentés pour encadrer les équipes. Dans le tertiaire, leur présence diminue par contre, en particulier dans le marketing, l’IT ou la vente, où la performance immédiate est privilégiée et où une connaissance des nouveaux outils numériques est souvent requise. Les profils plus âgés tendent aussi à avoir pris du grade au sein de l’entreprise.
Si les employés de plus de 55 ans se font rares, c’est parce que la pression, sur eux et sur leur employeur, s’est précisée. Les marges et la concurrence accrue ne plaident guère en faveur de salaires élevés issus des augmentations accumulées au fil des années de travail. Les cotisations au 2e pilier tendent en outre à être bien plus élevées pour un employé âgé qu’une jeune recrue.
«On devra probablement passer par des quotas – ou des incitations – en faveur de l’âge, comme on l’a fait pour les femmes dans les conseils d’administration», estime Anne Donou, la responsable en Suisse romande de Von Rundstedt & Partner interrogée par Le Matin Dimanche. Ce qui passe parfois par des mesures symboliques pour les séniors. «Commençons par supprimer le filtre de l’âge dans les algorithmes des tracking systems (ndlr: ces applications qui permettent le filtrage informatisé des candidatures)», conclut la spécialiste.