
Les chaleurs de ce début d’été ont mis à l’arrêt ou ralenti plusieurs réacteurs en Suisse et en France. La raison: la hausse des températures des fleuves dans lesquelles ces installations pompent l’eau servant à les refroidir. Des épisodes qui pourraient se multiplier à l’avenir
Campée sur sa petite île au milieu de l’Aar, la centrale nucléaire de Beznau (KKB) a chaud. Trop chaud. Comme le péquin qui sue à grosses gouttes par ces journées de fortes chaleurs – 34 degrés à Genève aujourd’hui, 32 à Lausanne et Berne, 33 à Zurich et Sion et jusqu’à 36 à Bâle –, le complexe supporte mal cette canicule précoce touchant l’ouest de l’Europe. A tel point qu’il a dû stopper l’un de ses deux réacteurs, et le second ne fonctionne qu’à 50% de ses capacités. Une mise à l’arrêt qui fait suite à une réduction de puissance progressive amorcée fin juin.
La raison de cette vulnérabilité: la température du fleuve qui assure son refroidissement est trop élevée. Pour comprendre le lien entre température de l’Aar et ralentissement de Beznau, il faut se pencher, dans les grandes lignes, sur le fonctionnement des centrales nucléaires. Le complexe argovien est équipé de deux réacteurs où l’eau est chauffée à haute pression, puis dirigée vers des générateurs de vapeur, vapeur qui va ensuite actionner les turbines. Les eaux fraîches de l’Aar entrent pour finir en jeu, servant à refroidir et donc à recondenser cette vapeur, qui sera évacuée sous forme liquide en contrebas de l’installation. Ces rejets, plus chauds que la température du cours d’eau, vont donc participer à réchauffer ce dernier, ce qui devient problématique lorsque la canicule s’est déjà chargée d’adoucir passablement ses flots.
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