
EDITORIAL. La montre est perçue comme un bien d’investissement. Les marques ne sont plus seules à fixer les prix. Elles doivent composer avec le second marché. C’est lui qui fixe la valeur. Et le phénomène n’épargne personne, ni Trump ni les authentiques artisans
Les trois horlogers portraiturés dans cette édition ont plusieurs points en commun: ils étaient inconnus il y a encore peu de temps, leurs montres se vendent à plus de 50 000 francs et s’arrachent. C’est une chance pour eux, les collectionneurs cherchent les spécialités et sont habitués à en payer le prix fort. Pour cette nouvelle vague d’horlogers créateurs, c’est indispensable. Vu le temps qu’ils passent à les produire et les volumes ultra-confidentiels, s’il fallait réduire les tarifs, leur entreprise ne serait simplement pas viable.
Mais le vent frais que tous les Brette, Berneron et Tixier font souffler sur l’industrie se fonde sur un mécanisme qui les dépasse. Car tout le marché repose aujourd’hui sur l’idée simpliste que la montre est un bien d’investissement, dont l’achat est motivé par la revente. Comme si toutes les montres avaient une dimension patrimoniale et que leur cote ne pouvait que monter. Nos jeunes horlogers savent que la valeur de leurs créations leur échappe déjà. Certaines pièces s’échangent en seconde main nettement plus chères qu’ils ne les ont vendues, sans qu’on leur demande leur avis.
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