L’Office fédéral des routes lance ce lundi un appel à projets pour développer le réseau de stations de recharge rapide au bord des routes nationales. Selon le TCS, il faudrait surtout miser sur les incitations aux propriétaires de logements locatifs
En Suisse, la part de marché des e-véhicules progresse moins rapidement qu’ailleurs en Europe. L’un des principaux obstacles à la transition vers la mobilité électrique reste le manque de possibilités de recharge sur le territoire. Avec 12 560 bornes, selon les statistiques d’e-mobility, on n’est encore loin de l’objectif de 20 000 stations, fixé par la feuille de route pour la mobilité électrique pour 2025.
C’est pour s’en approcher que l’Office fédéral des routes (Ofrou) lance ce lundi un appel à projets pour la construction de hubs de recharge rapide au bord des routes nationales. En mettant à disposition d’entreprises ces surfaces dans le périmètre des routes nationales, l’Ofrou souhaite «encourager de nouvelles initiatives privées dans le domaine de la mobilité électrique», indique-t-il via un communiqué.
## «90% des recharges se font à domicile»
Cinq lots de onze parcelles chacun, soit 55 parcelles en tout, devraient être attribués à des tiers, de manière à couvrir toutes les zones géographiques de Suisse. Ces installations viendront compléter le réseau de recharge rapide actuel. Selon les experts, pourtant, ce n’est pas la mesure la plus efficace, pour répondre à la demande.
«L’initiative de l’OFROU est bonne, il est aussi nécessaire de développer le réseau de recharges rapides, commente Laurent Pignot, chargé de la communication au TCS. Mais on sait que 90% des recharges se font à domicile. La Suisse compte 60% de locataires. C’est là qu’il faut agir en priorité». Or les investissements pour installer un système permettant d’accueuillir des bornes de recharge coûtent cher, et les propriétaires d’immeubles n’y voient souvent pas d’intérêt.
## Débat en vue à Berne sur les subventions aux propriétaires
La question devrait bientôt rebondir à Berne: les montants à investir par la Confédération feront l’objet de discussions au Conseil des Etats durant la prochaine session du parlement dès le 29 février, dans le cadre des débats sur la révision de la loi sur le CO2 pour la période postérieure à 2024. Le Conseil fédéral prévoit d’attribuer 180 millions à titre d’encouragement, pour l’installation de bornes de recharge destinées aux véhicules électriques dans les immeubles d’habitation, dans les entreprises comportant un certain nombre de postes de travail et sur les places de stationnement publiques pendant les années 2025 à 2030, soit 30 millions par an.
«C’est un pas dans la bonne direction. Mais il faudrait des subventions plus importantes», souligne Laurent Pignot. Selon ses calculs, le TCS estime qu’il faudrait investir 90 millions de francs par an pour inciter les propriétaires de logements à construire ces installations. «Ces millions pourraient être puisés dans le fonds pour les routes nationales et le trafic d’agglomération [dit Forta], financé par les automobilistes par les taxes», souligne encore Laurent Pignot. Il en est convaincu: «A l’avenir, installer une borne électrique sera aussi indispensable, pour un propriétaire, que de mettre un frigo dans une cuisine.»