
Dévoilée en mai, la dernière collection haute joaillerie de Cartier explore une certaine retenue. Elle dit la capacité du leader du secteur à réinventer son style de façon singulière. Et à se lancer des défis techniques extravagants
Lorsqu’on sculpte un objet, cherche-t-on à mettre en valeur la matière ou le vide? Cette question digne d’un examen de philo, c’est un collier de haute joaillerie qui la fait surgir. Une cascade de 806 perles d’émeraudes d’où jaillit, en son milieu, une panthère. Quoique, vu de loin, le félin évoque davantage une goutte d’eau qu’un gros chat à la musculature surdéveloppée. En s’approchant, cette impression de souplesse et de légèreté se précise. L’intérieur de la bête a été évidé, ne laissant à la périphérie qu’une fine structure en or blanc entièrement percée: un «pelage» tacheté d’onyx, de diamants et d’ajours. En laissant pénétrer la lumière, l’absence de matière devient ainsi motif et évoque la plus délicate des dentelles. Le bijou en tire son nom: Panthère dentelée.
Issue de la dernière collection de haute joaillerie de Cartier, cette création a été vendue au mois de mai pour un chiffre à sept zéros. C’était à Stockholm, où le leader mondial de la joaillerie a dévoilé ses créations à la presse internationale et à ses meilleurs clients. Version inédite de la panthère – animal totem de Cartier depuis plus d’un siècle –, ce collier reflète la capacité de la maison française à être à la fois identifiable et différente, c’est-à-dire fidèle à son style tout en le réinventant librement. Une condition sine qua non pour dominer un marché où se multiplient les acteurs et les propositions esthétiques. Mais pour orienter ses explorations joaillières et éviter la sortie de route stylistique, la marque a pour habitude de tracer une frontière thématique autour de ses collections.
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