
Abus de position dominante et ententes cartellaires expliquent que les marchés agricoles africains sont généralement peu efficients, ce qui favorise des prix plus élevés que dans des régions comparables, dénonce Willard Mwemba, spécialiste des questions de concurrence dans le Marché commun de l’Afrique orientale et australe
Et si, avant d’apporter des fonds supplémentaires à l’Afrique, lutter contre la faim passait par davantage de concurrence dans le secteur agricole? «Les denrées alimentaires coûtent en moyenne 30% plus cher dans les villes africaines que dans d’autres pays comparables, c’est en grande partie à cause des monopoles fermement en place sur le continent», avance Willard Mwemba, président de la commission de la concurrence du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (Comesa). La lutte contre la faim passe par la création de cadres légaux adaptés et de commissions de la concurrence dans les pays qui en sont dépourvus, estime le juriste zambien, que Le Temps a rencontré la semaine passée à Genève, où il se trouvait pour une conférence de la Cnuced.
Les marchés agricoles dysfonctionnent en Afrique, car ils sont souvent dominés par un nombre réduit de puissants acteurs, résume Willard Mwemba. Des multinationales mais aussi des négociants en matières premières, dont certains basés à Genève. Notre interlocuteur ne mentionnera pas de noms, car il n’est pas «anti secteur privé», mais décrit des mécanismes qu’il juge problématiques.
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