Les déboires se succèdent pour le conglomérat à la dette abyssale, qui faisait du marché de la voiture électrique son objectif numéro un
Le patron d’Evergrande NEV, branche automobile du géant chinois de l’immobilier à l’endettement astronomique, est détenu par les autorités, a annoncé la filiale au moment où la situation de sa maison mère préoccupe les marchés. Le conglomérat Evergrande, ex-numéro un de l’immobilier en Chine et présent dans une multitude de secteurs, est étranglé par un endettement abyssal, estimé en juin 2023 à quelque 328 milliards de dollars (279 milliards de francs). Le groupe, qui se bat pour sa survie, est censé présenter un plan de restructuration acceptable pour ses créanciers avant une audience prévue fin janvier à Hong Kong.
Sa filiale Evergrande NEV se donnait à sa création en 2019 «trois à cinq ans» pour devenir le constructeur «le plus puissant» au monde dans le domaine de la voiture électrique. Mais la situation de sa maison mère a sérieusement mis à mal ses projets et sa trésorerie, tandis que les ventes peinent à décoller.
Evergrande NEV, dont l’action a perdu en cinq ans la moitié de sa valeur, a été suspendu plusieurs heures de cotation à sa demande à la Bourse de Hong Kong lundi matin. La firme a par la suite annoncé que son patron était entendu par les autorités. «Liu Yongzhuo a été placé en détention conformément à la loi car il est soupçonné d’avoir commis des infractions», indique sans plus de précisions Evergrande NEV dans un communiqué. L’action a perdu plus de 13% à la reprise des cotations en début d’après-midi.
### L’électrique pour sortir la tête de l’eau
Evergrande NEV, pénalisé par la situation financière de sa maison mère, avait indiqué en mars 2023 se battre pour sa survie et chercher des liquidités pour se maintenir à flot. En Chine, le marché de la voiture électrique est particulièrement lucratif et de nombreux constructeurs locaux innovants y ont vu le jour ces dernières années. Le groupe Evergrande avait à ce titre d’importantes ambitions pour sa filiale automobile. Son fondateur, Xu Jiayin, souhaitait ainsi transformer son groupe d’ici 10 ans en champion de l’électrique et faire de ce secteur son cœur de métier, avaient rapporté les médias locaux.
Lourdement endetté, Evergrande avait notamment proposé à ses créanciers une participation dans son ambitieuse filiale de véhicules électriques pour sortir la tête de l’eau. Le conglomérat, désormais menacé de liquidation, a obtenu de la justice hongkongaise un répit jusqu’à fin janvier pour présenter un plan de restructuration.
Son fondateur, le milliardaire Xu Jiayin, est pour sa part en résidence surveillée, selon des informations publiées en septembre par l’agence Bloomberg. Il fait «l’objet de mesures coercitives en raison de soupçons de crime ou délit en infraction à la loi», avait indiqué dans la foulée Evergrande, sans toutefois préciser la nature des faits reprochés à son fondateur.
La formule «mesures coercitives» désigne généralement en Chine une forme de privation de liberté afin de garantir le bon déroulement d’une procédure pénale.