Si Internet bouleverse la recherche de dirigeants d'entreprise, le chasseur de têtes Egon Zehnder ne se sent pas menacé pour autant. Les honoraires dégagés en 1999 le prouvent
Internet et le commerce électronique bouleversent la vie des entreprises et le monde du travail. La société Egon Zehnder, spécialisée dans la recherche de cadres dirigeants et d'administrateurs, n'est pas épargnée. Internet constitue un canal de plus en plus important de recrutement. Les chiffres suivants illustrent cette évolution. Actuellement, 29 millions d'offres d'emplois figurent sur Internet. Selon le magazine Fortune, 45% des 500 plus grosses entreprises internationales utilisent activement ce canal pour recruter de nouveaux collaborateurs. En 1998, elles n'étaient que 17%. En ce qui concerne le recrutement via le Net, 105 millions de dollars ont été dépensés en 1998. Pour 2003, les estimations tablent sur 1,7 milliard.
Malgré la multiplication d'offres et de sites spécialisés, Egon Zehnder ne se sent pas pour autant menacé. En effet, Internet est principalement utilisé pour recruter des cadres moyens et des spécialistes. Or, Egon Zehnder est spécialisée dans la recherche de «top managers» et la plupart de ceux-ci ne mettent pas leur curriculum vitae sur le Net, souligne Beat Geissler, directeur au sein de la société. De plus, si Internet permet d'avoir une meilleure idée du capital humain disponible et de trouver des informations sur les candidats, il s'avère inutile pour les interviews et l'évaluation des candidats. Et c'est justement dans ce domaine que le «chasseur de têtes» apporte de la valeur ajoutée. Les résultats annoncés mercredi par Egon Zehnder tendent à prouver que la société ne souffre pas de cette concurrence (lire ci-dessous).
Paiement en actions
Toutefois, le Net et plus généralement la Nouvelle Economie ont des conséquences pour les chasseurs de têtes. La vitesse qui caractérise Internet se répercute sur le rythme de l'attribution des postes. Alors qu'il y a trois ans, il fallait 113 jours pour repourvoir un poste, aujourd'hui 45 jours suffisent, indique Beat Geissler.
Mais le boom d'Internet offre également de nouvelles opportunités aux «chasseurs de têtes». Les emplois liés à la Nouvelle Economie provoquent une forte demande de cadres supérieurs et de spécialistes du commerce électronique. En Suisse romande, par exemple, on assiste actuellement à une impressionnante floraison de nouvelles entreprises actives dans le e-commerce, les logiciels, l'électronique et le biomédical, relève Jean-Pierre Pedrazzini, directeur d'Egon Zehnder à Genève. Parallèlement, la demande de cadres supérieurs dans les domaines du private banking, de l'horlogerie et des produits de luxe croît. Il s'avère donc de plus en plus difficile de trouver le bon dirigeant. Or, ces start-up ne disposent souvent pas des compétences nécessaires en matière de gestion et n'ont pas le temps ni les moyens de chercher la personne idéale.
Afin de pallier le manque de moyens de ces sociétés en démarrage, Egon Zehnder a lancé un nouveau mode de financement et accepte dans certains cas des actions de ces start-up en paiement des honoraires. Actuellement, Egon Zehnder détient des actions dans une demi-douzaine de sociétés en Suisse. La méthode permet de réduire la charge financière pour l'entreprise nouvellement créée. Quant à Egon Zehnder, elle devrait retirer de substantiels bénéfices de la vente de ces actions.