
La Fédération romande des consommateurs avait porté plainte contre l’équipementier sportif suisse l’an dernier, estimant que sa promotion de chaussures «recyclables à 95%» relevait du greenwashing. Mais le Parquet zurichois a tranché: la société n’a selon lui pas franchi de ligne rouge
C’est un nouvel épisode dans l’affaire des chaussures «On», et en faveur de l’équipementier sportif suisse. L’an dernier, la Fédération romande des consommateurs (FRC) avait porté plainte contre la société dont Roger Federer est actionnaire. Elle promouvait un système d’abonnement basé sur la promesse d’un recyclage quasi-total de ses baskets Cyclon. Or selon une enquête de Temps Présent (RTS) diffusée en juin 2024, aucune paire n’avait encore été recyclée deux ans après le lancement du programme. Communication trompeuse, pointait alors la FRC.
Le Ministère public zurichois vient cependant de classer l’affaire, apprenait-on jeudi soir, arguant que les dirigeants de la marque ont usé d’une stratégie de marketing habile sans pour autant violer la Loi contre la concurrence déloyale (LCD). «Il n’est pas établi que l’entreprise a intentionnellement trompé les consommateurs», a conclu le Parquet.
Un cadre légal insuffisant selon la FRC
Une décision non recevable pour la FRC, qui estime que plusieurs zones d’ombre demeurent. Dont le processus opaque de recyclage enclenché depuis, selon ON. D’autres paires ont-elles été traitées depuis les 500 initiales? Les matériaux récupérés ont-ils été réintroduits dans d’autres chaussures ou produits comme promis, ou les chaussures ont-elles seulement été broyées?, interroge donc la FRC. Qui ne déposera pas de recours contre la décision du tribunal zurichois mais interpelle une nouvelle fois la marque zurichoise pour obtenir davantage d’informations.
Cette procédure visait aussi à tester la solidité du cadre légal entourant le greenwashing, note la FRC, pour qui la position du Ministère Public zurichois «confirme les doutes autour de l’efficacité de la LCD pour lutter contre la publicité trompeuse.»
Manque de fondement selon On
La marque On a de son côté répondu à la RTS se «féliciter de la décision des autorités zurichoises de rejeter la plainte déposée par la FRC. Ce résultat affirme notre ferme conviction que les allégations manquaient de fondement juridique et factuel».
On s’est aussi vu reprocher récemment l’utilisation de la croix suisse sur ses chaussures de courses vendues à l’étranger, alors qu’elles sont fabriquées au Vietnam et en Indonésie, par l’association Swissness Enforcement. L’entreprise défend son droit d’y avoir recours.