Malgré des perspectives conjoncturelles mitigées pour l’année prochaine, certains postes restent particulièrement difficiles à pourvoir, révèle l’indice de la pénurie de main-d’œuvre en Suisse du Groupe ADECCO publié mardi
Nous ne sommes pas près d’arrêter d’entendre parler de pénurie de personnel. C’est en tout cas ce qu’amène à penser l’indice de la pénurie de main-d’œuvre en Suisse 2023 publié mardi. Ce dernier est réalisé par le Groupe ADECCO Suisse et le Moniteur du marché de l’emploi suisse de l’Université de Zurich.
En effet, après un pic en 2022, peu de signes d’amélioration sont visibles cette année, souligne le communiqué de presse à ce sujet. Ainsi, même s’il augmente moins vite en raison de l’affaiblissement de la conjoncture – une hausse de 69% en 2022 et de 24% en 2023 – l’indice de la pénurie de main-d’œuvre atteint un nouveau record, soit 191 points d’indice, contre 155 l’an passé. Dans le détail, en Suisse alémanique, l’augmentation est de 28%, et de 14% en Suisse latine.
### **Le poids du marché intérieur**
Cette évolution est principalement due à deux facteurs, détaille Adecco. D’une part, le nombre de demandeurs d’emploi a nettement diminué: le taux de chômage a atteint son plus bas niveau en 2023, avec 2%. D’autre part, le nombre de postes vacants a augmenté de 7% par rapport à l’année précédente. Des données qui peuvent surprendre, alors que les secteurs économiques tournés vers l’exportation sont confrontés à une baisse de la demande mondiale. Mais ceux orientés vers le marché intérieur, comme l’hôtellerie et la restauration, ont eux pu compter sur une solide demande.
La pénurie n’est donc pas près de cesser, si l’on en croit Marcel Keller, directeur d’Adecco pour la Suisse: «Bien que les perspectives conjoncturelles mitigées pour l’année prochaine et la baisse visible de la dynamique de l’indice de la pénurie de main-d’œuvre laissent présager une phase de détente à court et moyen terme, les entreprises resteront durablement confrontées à ce problème en Suisse. Des facteurs d’influence tels que le vieillissement de la population, la numérisation croissante et la transition vers une économie verte continueront d’alimenter cette tendance.»
**Une analyse à lire:** [Pénurie de personnel et manque de formation continue, un cercle vicieux](https://www.letemps.ch/economie/penurie-de-personnel-et-manque-de-formation-continue-un-cercle-vicieux¨)
Les professions techniques sont les plus fortement représentées dans le top 10 du classement de la pénurie de main-d’œuvre: une réalité qui reflète le positionnement de l’industrie suisse qui s’est spécialisée dans la production de produits de niche complexes, indiquent les analystes. Lesquels soulignent aussi que la pénurie de main-d’œuvre qualifiée ne se limite pas aux métiers techniques qui nécessitent une formation tertiaire, mais qu’elle s’étend également aux professions pour lesquelles un apprentissage professionnel est requis.
Les catégories affichant la pénurie de personnel qualifié la plus aiguë sont similaires à l’an dernier: les professionnels de santé (infirmiers et infirmières, pharmaciens et pharmaciennes, notamment) manquent particulièrement. Suivent les développeurs et analystes de logiciels et d’applications informatiques – même si la pénurie de personnel qualifié pour cette catégorie s’est nettement détendue – les professionnels de l’ingénierie, puis les conducteurs de travaux, contremaîtres et responsables de production, suivis des polymécaniciens et mécaniciens de production, entre autres.
### Une offre excédentaire dans d’autres secteurs
Il faut noter aussi que les professions où il y a une surabondance de main-d’œuvre se sont fortement réduites, y compris dans les groupes exigeant moins de qualifications: la pénurie de main-d’œuvre qualifiée tend à se transformer en pénurie de main-d’œuvre généralisée.
Certaines catégories professionnelles affichent cependant encore une offre excédentaire de personnel, avec plus de candidats que de postes à pourvoir. En premier lieu le personnel auxiliaire, laveurs de vitres ou déménageurs par exemple. Mais aussi les cadres, le personnel de bureau et de secrétariat général, suivis des métiers des sciences sociales et de la culture, et des métiers du domaine des services à la personne.
**Lire aussi:** [Pénurie de personnel: ces employeurs qui cherchent (et trouvent) des solutions](https://www.letemps.ch/economie/carrieres/penurie-personnel-employeurs-cherchent-trouvent-solutions)