
La décision de Pékin de restreindre l’export de six terres rares aura des conséquences jusqu’en Suisse. D’autant plus que le pays ne s’est pas préparé à un tel scénario
Dans la guerre commerciale à laquelle se livrent les Etats-Unis et la Chine, Pékin a choisi de frapper fort: restreindre l’exportation de six terres rares, indispensables dans les technologies civiles et militaires. Une décision qui lui permet par la même occasion de répondre aux besoins militaires internes, et de mettre en place des leviers géopolitiques.
Cette rétention aura de fortes répercussions pour le continent européen, dont la Suisse, s’inquiètent ce lundi l’Aargauer Zeitung, la Luzerner Zeitung et la St. Galler Tagblatt. Non pas que le pays importe directement ces métaux; en revanche, il fait venir pas moins de 174 tonnes de produits raffinés qui en contiennent, principalement en provenance de l’Union européenne.
«Nous mettons en danger notre sécurité d’approvisionnement»
Ainsi, des centaines d’entreprises suisses devraient être touchées par l’interdiction d’exportation de la Chine, selon Jean-Philippe Kohl, vice-directeur de Swissmem, l’association de l’industrie des machines, des équipements électriques et des métaux. Celui-ci craint des perturbations à court et moyen terme.
La conseillère fédérale Elisabeth Schneider-Schneiter n’est pas moins critique: «Il y a une lutte politique mondiale autour des terres rares, seule la Suisse estime qu’il n’y a pas lieu d’agir. Nous nous mettons ainsi hors-jeu et mettons en danger notre sécurité d’approvisionnement». C’est elle qui avait sollicité en 2020, alors conseillère des États du Jura, le Conseil fédéral pour un rapport sur la question, soulignent les journaux du groupe AZ Medien.
Publié en décembre 2024, le document sur «l’approvisionnement en minéraux et métaux essentiels à la transition énergétique» est exempt de tout scénario de pénurie. Une lacune incompréhensible aux yeux de la faîtière concernée, compte tenu des incertitudes géopolitiques et des promesses électorales du président américain. Au contraire, il s’agit d’un problème pris au sérieux, rétorque le Secrétariat d’Etat à l’économie.
Le conseiller fédéral Ignazio Cassis s’est rendu il y a quelques semaines en Chine. Quant aux mesures envisagées par le Seco, les journaux en fournissent un aperçu: une plus grande transparence dans le secteur, et une collaboration entre les institutions concernées qui doit être renforcée.