La BCE peut-elle baisser plusieurs fois ses taux en 2024 si la Fed ne le fait pas ?
La Banque centrale européenne (BCE) et la Réserve fédérale font face à deux situations économiques bien différentes. En zone euro, les perspectives de croissance et d’inflation semblent claires : une croissance faible, potentiellement affectée par la consolidation fiscale à venir dans certains pays, et une inflation qui baisse graduellement (2,4 % sur un an en avril). Le « dernier kilomètre » pour atteindre la cible de 2 % pourrait prendre plusieurs mois, mais la tendance est tracée. La route est donc dégagée pour que la BCE baisse ses taux dès le 6 juin et se rapproche du taux neutre. Aux Etats-Unis, la croissance reste élevée et pourrait être proche de 3 % en 2024, et l’inflation s’est stabilisée entre 3 % et 3,5 %. Si quelques nuages s’amoncellent à l’horizon (hausse des taux de défaut des cartes de crédit, baisse de l’épargne des ménages), le marché du travail reste fort et la croissance des salaires proche de 4 %. Les incertitudes quant à l’inflation sont assez élevées pour que la Fed retarde ses baisses de taux. Quant au risque d’un découplage des politiques monétaires, la réponse tient selon nous dans l’effet sur le taux de change euro-dollar et l’inflation importée. Aujourd’hui, l’euro-dollar à 1,08 prend en compte une baisse des taux pour la Fed contre deux pour la BCE cette année. Même si cet écart devait s’élargir à trois baisses (une baisse pour la Fed contre quatre pour la BCE), l’euro-dollar ne devrait pas tomber plus bas que 1,04, ce qui serait sans conséquences majeures pour la BCE. Les conditions d’un découplage des politiques monétaires semblent donc réunies.