
Le patron de la Fed s’exprime à contre-courant d’autres membres de l’institution et surtout de Donald Trump, qui lui reproche de conduire une politique monétaire trop restrictive
Le président de la banque centrale des Etats-Unis (Fed) Jerome Powell a une nouvelle fois considéré mardi que celle-ci pouvait «attendre» avant d’abaisser ses taux, s’exprimant à contre-courant d’autres membres de l’institution et surtout de Donald Trump.
«Pour l’instant, nous sommes bien placés pour attendre d’en savoir plus sur l’évolution probable de l’économie avant d’envisager tout ajustement de notre politique», a déclaré Jerome Powell au début d’une audition devant la Commission financière de la Chambre des représentants.
Le patron de la Fed fait face à un feu nourri de critiques féroces de la part de Donald Trump. Le président américain lui reproche en effet de conduire une politique monétaire trop restrictive. Quelques heures avant l’audition de mardi, Donald Trump a qualifié Jerome Powell de «bête» et «têtu». Les Etats-Unis vont payer «pour son incompétence pendant bien des années à venir», a jugé le chef de l’Etat.
«Pas d’inflation, une superbe économie. Nous devrions être au moins deux ou trois points (de pourcentage) plus bas» en matière de taux directeurs, a également affirmé le chef de l’Etat sur sa plateforme Truth Social. Il a appelé le Conseil des gouverneurs de la Fed à «agir» contre Jerome Powell. Vendredi, il avait demandé aux autres banquiers centraux américains de le renverser.
«Au nom de notre mission»
Les taux directeurs de la Fed – qui guident les coûts d’emprunt des particuliers et des entreprises – sont compris entre 4,25% et 4,50% depuis décembre. Jerome Powell, dont le mandat court jusqu’au printemps 2026, avait été propulsé à la tête de la banque centrale par Donald Trump lui-même pendant son premier mandat.
«Nous sommes conscients que nos actions affectent la société, les familles, les entreprises à travers le pays. Tout ce que l’on fait, c’est au nom de notre mission» qui est d’atteindre le plein-emploi autant que la stabilité des prix, a mis en avant Jerome Powell dans sa déclaration introductive, lors de son audition.
Les droits de douane mis en place depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier vont «probablement tirer les prix vers le haut et peser sur l’activité économique», a-t-il une nouvelle fois pointé. Jerome Powell dit s’attendre à ce que l’indice d’inflation PCE pour le mois de mai, qui sera publié vendredi, montre que les prix ont augmenté de 2,3% sur un an. Cela représenterait une accélération par rapport à avril ( 2,1%).
Plusieurs gouverneurs en faveur d’une baisse
La dernière réunion de la Fed, la semaine dernière, s’était conclue à l’unanimité par un statu quo concernant les taux directeurs. Cependant, plusieurs votants penchent désormais en faveur d’une baisse lors de la prochaine réunion, fin juillet. «Je ne pense pas que nous devrions attendre beaucoup plus», a affirmé le gouverneur Christopher Waller vendredi. «Si les pressions sur l’inflation restent contenues» d’ici la prochaine réunion de la Fed, les 29 et 30 juillet, «je soutiendrai une diminution des taux directeurs», a déclaré de son côté Michelle Bowman, vice-présidente de la Fed.
Christopher Waller est considéré comme un candidat potentiel à la succession de Jerome Powell. Il était devenu gouverneur de la Fed sous le premier mandat de Donald Trump, à l’initiative de ce dernier. Le président américain a récemment propulsé Michelle Bowman au poste de vice-présidente chargée de la supervision, dans l’optique de lâcher la bride des acteurs financiers.
Mardi, Jerome Powell n’a pas souhaité commenter les déclarations de ses collègues. Il a par ailleurs estimé qu’il était trop tôt pour évaluer les conséquences économiques de la guerre au Moyen-Orient.