CHRONIQUE. Au XIXe siècle, Rudolf Lindt a inventé le chocolat fondant par hasard et négligence, avant de fuir ses responsabilités. Aujourd’hui, il semblerait qu’une génération du même type émerge
Quand Rudolf Lindt rachète deux fabriques en mauvais état à l’été 1879, en ville de Berne au bord de l’Aar, il est loin d’imaginer qu’un siècle et demi plus tard son entreprise, qui est devenue Lindt & Sprüngli, vendrait pour plus de 2 milliards de francs de chocolat par an. Il n’est pas le seul à avoir des doutes: ses concurrents sont convaincus que le jeune dandy de 24 ans, issu d’une bonne famille bernoise, va vite passer à autre chose.
Loin d’être la gourmandise fondante que nous connaissons aujourd’hui, le chocolat est alors un produit friable, qui a tendance à s’émietter en bouche, comme du sable. Les premières tentatives de Lindt sont navrantes. Ses machines sont vieilles, et son savoir insuffisant. Il patauge. Puis vient la lumière. La légende raconte que le jeune homme, trop pressé de partir en week-end un vendredi après-midi, pour rejoindre une amante ou ses amis à la chasse, a laissé par négligence son mélangeur de chocolat tourner jusqu’au lundi. Alex Capus¹ raconte que le mélange qu’il découvre à son retour est surprenant: «une masse brillante, sombre et veloutée». Le chocolat fondant est né, par étourderie.
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