Malgré une promesse de désengagement du charbon, la multinationale a fait volte-face, motivée par la perspective d’une amélioration de la génération de liquidités et d’une optimisation des reversements d’excédents aux actionnaires
Le béhémoth des matières premières Glencore rétropédale mercredi sur son engagement à externaliser les activités liées au charbon, subséquemment de sa prise de contrôle début juillet sur les opérations du canadien Teck Resources dans le charbon sidérurgique.
La multinationale se défausse sur ses actionnaires de la responsabilité de cette décision. La promesse de désengagement du charbon, qui figurait dans l’annonce de la reprise de 77% de la division Elk Valley Resources (EVR) fin 2023 – pour près de 7 milliards de dollars en liquide et après plusieurs mois de lutte acharnée avec le conseil d’aministration de Teck – a vu le soutien des actionnaires à ce projet s’amenuiser depuis pour finir par se muer en vive opposition. Un phénomène que Glencore attribue à une évolution des considérations autour de la durabilité (ESG).
Le désormais plébiscite à plus de 95% exprimé en faveur d’un maintien de ces activités hautement émettrices en gaz à effet de serre est aussi et surtout motivé par la perspective d’une amélioration de la génération de liquidités et d’une optimisation conséquente des reversements d’excédents aux actionnaires, précise l’extracteur et négociant en matières premières.
### Pour Glencore, une occasion en acier
«L’acquisition d’actifs d’une telle qualité à un prix aussi attrayant représentait une occasion unique à ne pas manquer», s’est félicité le directeur général (CEO) Gary Nagle à l’occasion d’une présentation en ligne. EVR avait produit 21,5 millions de tonnes de charbon sidérurgique – indispensable à la fonte de l’acier – et enregistré un bénéfice avant impôts de 6,00 milliards de dollars canadiens (3,69 milliards de francs) en 2022. «Le charbon sidérurgique constitue désormais un élément clé dans la palette de matières premières exploitées par Glencore» a poursuivi le responsable.
Le conseil d’administration promet pour sa part de s’efforcer désormais d’intégrer cette nouvelle donne dans la stratégie climatique du groupe. La reprise d’EVR aura en outre un impact considérable sur l’endettement net du groupe, qui doit exploser de 3,6 milliards à mi-parcours à plus de 10 milliards en fin d’exercice, a prévenu le trésorier (CFO) Steve Kalmin.
L’annonce survient en marge de la publication des résultats semestriels de la multinationale de Baar. Le chiffre d’affaires s’est enrobé de 9% à 117,09 milliards de dollars (près de 100 milliards de francs).
### La direction veut redresser la barre en seconde moitié d’année
La baisse des prix de nombreuses matières premières a par contre grevé la rentabilité. L’excédent brut d’exploitation (Ebitda) ajusté a ainsi fondu d’un tiers sur un an à 6,3 milliards. Des amortissements et d’autres éléments non récurrents à hauteur de quelque 1,7 million ont fait basculer le résultat dans le rouge, avec une perte nette de 233 millions. L’an dernier à pareille époque, Glencore avait affiché un bénéfice de 4,6 milliards.
La firme a notamment inscrit des correctifs de valeurs de 611 millions sur ses opérations dans le charbon en Afrique du Sud, du fait de l’abaissement des perspectives de cours pour cette matière et de difficultés logistiques à l’exportation. La mise en dormance en février de la mine de nickel de Koniambo en Nouvelle-Calédonie a induit une correction de 417 millions.
La direction entend néanmoins redresser la barre en seconde moitié d’année. L’Ebitda hors effets jugés uniques doit ainsi rebondir à 17,3 milliards, dont 3,4 milliards pour les seules activités de négoce. EVR doit contribuer au dégagement d’un flux de trésorerie disponible de 6,1 milliards. Glencore doit en outre encore percevoir au cours des prochains mois 1,0 milliard en liquidités et l’équivalent de 3,1 milliards de dollars en actions Bunge, conformément aux termes convenus pour la cession de sa part de 50% dans l’exploitant de matières premières agricoles Viterrra. Vers 10h20, la cotation primaire de Glencore sur la place londonienne s’appréciait de 0,5% à 3,95 livres sterling, dans un Ftse 100 en hausse de 0,78%.