
La presse anglo-saxonne indique que le groupe suisse et l’entreprise anglo-australienne auraient envisagé une fusion, mais qu’il n’est pas sûr que le projet soit toujours d’actualité. Une telle union créerait le plus grand groupe minier au monde
C’est une petite bombe qu’a lâchée Bloomberg jeudi soir. Glencore, le poids lourd suisse des matières premières, aurait discuté avec l’anglo-australien RIO TINTO ORD, le deuxième plus grand groupe minier au monde, d’une possible fusion. L’agence indique qu’il n’est pas certain que les discussions continuent à ce jour et les deux groupes ne commentent pas.
Une telle fusion serait la plus grande de l’histoire dans le secteur minier, elle créerait la plus grosse entreprise du secteur, devant l’Australienne BHP. RIO TINTO ORD a une capitalisation boursière de 103 milliards de dollars, Glencore est évalué à 55 milliards de dollars tandis que BHP pèse 126 milliards de dollars. L’union de Glencore et de RIO TINTO ORD créerait notamment la plus grande entreprise dans l’extraction du cuivre.
Le cuivre, nerf de la guerre de la décarbonisation
L’industrie minière a été marquée par une vague de transactions au cours des deux dernières années, en grande partie due à la volonté des plus grands producteurs de développer leur activité dans le cuivre – un métal essentiel aux efforts de décarbonisation dans le monde, mais dont la production n’augmente que lentement.
Les raisons qui inciteraient les deux groupes à se réunir ne sont toutefois pas encore claires. Parmi les hypothèses, on peut évoquer le fait qu’être grand permet de réunir davantage de forces, financières et sur le terrain, pour exploiter plus de gisements, notamment de cuivre. Les prix du métal rouge ont flambé l’an dernier, malgré la conjoncture morose en Chine, un signe supplémentaire selon lequel il en manque.
Glencore possède des participations dans deux mines de cuivre importantes – Collahuasi au Chili et Antamina au Pérou – qui doivent augmenter leur production de métal de près d’un million de tonnes par an, selon des analystes cités par le Financial Times.
Première tentative inaboutie en 2014
Ce n’est pas la première fois que les deux poids lourds évoquent un rapprochement: en 2014, Glencore aurait proposé de s’unir avec RIO TINTO ORD, mais cela n’a pas abouti, selon la presse anglo-saxonne. Depuis, les deux groupes ont pris des chemins assez différents. Ils possèdent certes chacun d’importantes mines de cuivre. Mais RIO TINTO ORD a cessé toutes activités autour du charbon et s’est développé dans l’extraction de lithium.
Le groupe anglo-saxon dépend aussi fortement du minerai de fer, à un moment où le boom de la construction en Chine, qui dure depuis des décennies, touche à sa fin et où le marché du minerai de fer semble se diriger vers une période prolongée de faiblesse. Il figure parmi les groupes qui doivent lancer l’extraction de minerai de fer à Simandou, en Guinée, où se trouve l’un des principaux gisements en la matière au monde.
Quant à Glencore, la firme zougoise dépend beaucoup du charbon, de son extraction comme de son négoce. Elle a d’ailleurs racheté des mines de charbon à RIO TINTO ORD ces dernières années. En 2023, Glencore avait tenté d’acquérir Teck Resources, avant de finalement se contenter de l’unité de charbon de ce groupe canadien. La multinationale zougoise est aussi très présente en République démocratique du Congo, un pays instable que RIO TINTO ORD a longtemps évité. Glencore, enfin, possède un département de négoce de matières premières, largement en Suisse, beaucoup plus important.
L’année dernière, BHP a tenté de racheter Anglo American pour 49 milliards de dollars, sans succès. Le géant australien était surtout intéressé par les mines de cuivre d’Anglo American parce que le métal est utilisé dans les projets d’énergie renouvelable et les véhicules électriques.
Développement suit.