
Dans «Comment parler des livres que l’on n’a pas lus?», le professeur Pierre Bayard nous invite à revoir notre rapport à la lecture et à accepter une relation plus sincère avec les livres que nous lisons et ceux qui resteront à vie des inconnus
Pour écrire la chronique que vous lisez, je me suis fixé la discipline de dévorer un nouveau livre par semaine. Dans le but de traiter des sujets qui, dans la mesure du possible car personne ne parvient totalement à se détacher de certaines obsessions, ne se répètent pas. C’est aussi pour cela que je suis friand de vos conseils de lecture!
Récemment, j’ai découvert un essai déconcertant de Pierre Bayard dans lequel il se pose la question de «Comment parler des livres que l’on n’a pas lus?». L’ouvrage commence par une citation qui a dû jeter dans un embarras paradoxal les critiques littéraires à sa sortie: «Je ne lis jamais les livres dont je dois écrire la critique: on se laisse tellement influencer.» Au-delà de la boutade, Bayard, qui est professeur de littérature française, lance une interrogation fondamentale. Que faire face à l’infinité de livres qui reposent dans nos rayons? Bayard nous invite à reconnaître la vacuité qui consiste à croire que la lecture n’a pas intrinsèquement de limites et invite donc avant tout à définir ce qu’il faut, ou pas, lire, plutôt qu’à encourager une pratique qui s’avère frustrante car nécessairement sans fin. Même le plus grand lecteur laissera sur le bas-côté de sa bibliothèque intérieure un cimetière littéraire plus grand que sa besace. Alors, il est urgent d’apprendre à se détendre dans notre rapport à la lecture.
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