
Des départs ont été enregistrés dans le secteur depuis l’an dernier. Car la Suisse joue les bons élèves sur la fiscalité des entreprises et les réglementations bancaires, regrette la faîtière des négociants de matières premières
L’attractivité de la Suisse en général et donc de Genève se dégrade, si bien que plusieurs acteurs du secteur des matières premières ont quitté la Suisse depuis l’an dernier, observe Florence Schurch, de Suissenégoce. En cause, selon la secrétaire générale de la faîtière du secteur des matières premières: la tendance de la Suisse à jouer les bons élèves.
Deux exemples. Le pays a choisi de garder l’impôt sur les sociétés à 15% alors que ses concurrents n’ont pas mis en place cette norme de l’OCDE. La Suisse applique par ailleurs de nouvelles réglementations bancaires «que même l’Union européenne n’a pas reprises». Les banques suisses doivent en conséquence augmenter leurs fonds propres et leurs liquidités, ce qui limite leurs capacités à financer le négoce.
Banques et innovation
Or «les négociants sont en Suisse à cause (ou grâce) aux banques suisses; le jour où ces dernières ne financent plus le négoce, ce qui est déjà une tendance aujourd’hui, les négociants trouveront du financement ailleurs et quitteront la Suisse», prévient Florence Schurch. En Suisse, une quinzaine de banques financent le commerce de matières premières.
Autres éléments pénalisant l’attractivité du pays: des concurrents comme Londres et Singapour se montrent plus rapides pour moderniser les outils à disposition des acteurs du négoce de matières premières, comme le connaissement maritime électronique. Un projet de modification de la loi fédérale est en cours. «Mais en Suisse, les choses prennent du temps pour changer… On verra ce que voteront les parlementaires fédéraux», poursuit Florence Schurch.
Derniers points, spécifiques à Genève, l’insécurité politique qui implique des initiatives populaires contre l’économie plusieurs fois par an et «l’impôt sur les personnes physiques trop élevé par rapport aux autres cantons», conclut notre interlocutrice. Des entreprises étoffent leurs équipes à Londres et Dubaï, car «les employés ne veulent pas venir en Suisse à cause des impôts ultra-élevés et des assurances maladie», plutôt que dans «une ville de Genève en totale construction et de moins en moins attrayante».