L'année 2023 a été «la meilleure en termes de volume de fabrication de véhicules automobiles» au Royaume-Uni depuis 2019. Mais le secteur doit jongler avec les «tensions géopolitiques mondiales», en particulier en mer Rouge
La production automobile britannique a rebondi l'an dernier au plus haut depuis 2019, mais des turbulences menacent, notamment liées à la crise en mer Rouge, a indiqué l'association sectorielle SMMT jeudi.
L'année 2023 «a été notre meilleure année en termes de volume de fabrication de véhicules automobiles depuis» 2019, avant la pandémie, a salué lors d'une conférence de presse Mike Hawes, directeur général de l'Association des constructeurs et des vendeurs automobiles (SMMT).
Il s'agit d'un changement radical de ton pour un secteur qui déplorait l'an dernier «trois années épouvantables» et peinait à se relever de la pandémie – la production auto britannique avait connu en 2022 sa pire année depuis 1956.
### Un secteur perturbé par les «tensions géopolitiques mondiales»
Malgré l'atténuation de difficultés telles que la pénurie de semi-conducteurs, l'association sectorielle anticipe une production en dents de scie pour les années à venir, avec une petite croissance attendue cette année et un recul l'an prochain, a précisé le dirigeant.
Le secteur fait face notamment aux «tensions géopolitiques mondiales» en particulier en mer Rouge, forçant les transporteurs maritimes à «contourner le Cap de Bonne-Espérance», mais aussi aux «protectionnismes et tensions commerciales croissants», a-t-il prévenu.
Le secteur manufacturier britannique tout entier pâtit des troubles en mer Rouge. L'agence S&P Global a noté mercredi une activité en hausse en janvier au Royaume-Uni d'après son indicateur avancé PMI Flash, tout en ajoutant que les attaques houthies en mer Rouge se traduisent par «la plus forte hausse des coûts de fabrication depuis août».
### L'effet Brexit sur les constructeurs
Le nombre de voitures produites au Royaume-Uni a bondi de près de 17% sur un an à 905 117 unités en 2023, selon les données publiées jeudi par la SMMT. La production de véhicules électrifiés a quant à elle augmenté de près de 50% l'an dernier, à 38,3% du total. Cela reste bien en deçà des 1,3 million de voitures produites en 2019, des niveaux qu'il sera «très, très difficile» de retrouver à moins que de nouveaux constructeurs s'installent au Royaume-Uni, selon Mike Hawes, en raison notamment de la fermeture en 2021 du site de Honda à Swindon (Sud de l'Angleterre).
«Depuis le référendum sur le Brexit» et l'instabilité économique et politique qui a suivi «il a été très difficile d'attirer des investissements au Royaume-Uni», a remarqué le dirigeant.
Mike Hawes a toutefois salué l'accord trouvé in extremis entre Londres et Bruxelles fin décembre pour reporter de trois ans des règles qui auraient pu se traduire par des droits de douane post-Brexit de 10% sur les véhicules électriques traversant la Manche.
Un soulagement pour le secteur auto britannique qui a exporté en 2023 huit voitures produites sur dix, dont plus de 60% vers l'UE, et près de 10% vers la France.
