
OPINION. Les facteurs qui ont pénalisé les actions suisses ces dernières années pourraient devenir des atouts
Ces dernières années, les actions suisses ont été négligées par les investisseurs, influencés par des facteurs tels que l’absence de thématiques majeures d’investissement, la chute de CREDIT SUISSE, ou encore le franc fort. Cependant, ces mêmes facteurs pourraient bien représenter des atouts pour le marché helvétique.
Le temps où la deuxième plus grande banque suisse faisait face à une crise de liquidité semble bien loin et la gestion de cette situation par les autorités a, paradoxalement, renforcé l’image de solidité du système bancaire. Contrairement aux précédentes crises financières en Europe et aux Etats-Unis qui ont laissé des traces durables, le système suisse a démontré sa résilience.
Ensuite, les investisseurs se sont focalisés sur deux grandes thématiques au cours des deux dernières années: l’intelligence artificielle (IA) et les traitements contre l’obésité. Bien que peu de sociétés suisses cotées soient spécialisées dans l’IA, le secteur montre des signes de ralentissement, les applications concrètes tardant à se matérialiser malgré des investissements significatifs.
### Valorisation raisonnable
De manière générale, les valorisations des actions de type croissance, notamment dans la tech, deviennent élevées et pourraient être affectées par un ralentissement économique global.
C’est dans ce contexte que les actions suisses, réputées pour leur caractère défensif, trouvent leur avantage. Si des entreprises comme Nestlé ou
NOVARTIS ne font pas autant rêver que certains spécialistes en semi-conducteurs avec une croissance à deux chiffres, le secteur alimentaire ou celui de la santé sont historiquement plus résilients et tendent à mieux résister dans les phases de consolidation.
Délaissées ces dernières années, les actions suisses affichent aujourd’hui une valorisation raisonnable avec un indice SMI se négociant à environ 17 fois les bénéfices futurs, contre 21 fois pour l’indice américain S & P 500. Bien que les perspectives de croissance soient probablement plus fortes pour les sociétés américaines, la qualité des entreprises suisses justifie leur prix.
### L’effet positif de la BNS
Un autre élément crucial est la politique monétaire de la Banque nationale suisse. Face à l’inflation mondiale de 2022, la BNS optait pour une politique de renforcement du franc afin de limiter l’importation de l’inflation de l’étranger. Cette stratégie a porté ses fruits, puisque l’inflation en Suisse est désormais bien ancrée sous les 2%. Cela a permis à la BNS de réduire ses taux à deux reprises cette année, avec une nouvelle baisse potentielle en septembre ou décembre.
Cette situation est bénéfique à plusieurs niveaux: les taux d’intérêt bas devraient permettre aux entreprises suisses d’emprunter à moindre coût (taux directeur de 1,25% en Suisse, contre 5,50% aux Etats-Unis) et de soutenir leurs investissements.
Par ailleurs, les caisses de prévoyance suisses pourraient réallouer leurs actifs en faveur des actions car le taux de dividende du SMI, à 3%, devient très attractif par rapport au rendement des obligations d’entreprise, plutôt situé entre 1,5 et 2%.
Enfin, la stabilité du système politique suisse est un facteur à ne pas négliger, même si son impact est difficile à quantifier. Aux Etats-Unis, l’incertitude liée à l’élection à venir, marquée par des rebondissements autour de Trump et de Biden, crée une volatilité peu propice aux investissements. En France, la dissolution de l’Assemblée nationale complique la nomination d’un premier ministre et introduit une incertitude économique et fiscale. Et si les investisseurs s’inspiraient du système politique suisse, avec sa formule magique et sa culture du consensus comme modèles de stabilité dans ce monde en perpétuel changement?