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Source : LeTemps.ch  (il y a 5 mois)

Face au climat, les tiraillements de Big Oil

Les BP et autres EXXONMOBIL CHEMIC. se sont engagés à être neutres en carbone en 2050 mais leurs investissements trahissent un attachement viscéral à leur cœur de métier. La COP28 sera un «moment de vérité» pour cette industrie, proclame l’Agence internationale de l’énergie

Comment les géants du pétrole se positionnent-ils face à la transition énergétique? Cette question sera d’autant plus centrale lors de la 28e Conférence mondiale sur le climat (COP28), du 30 novembre au 12 décembre, qu’elle a lieu à Dubaï aux Emirats arabes unis. Dans une région où les hydrocarbures, d’excellente qualité, faciles à extraire et moins coûteux, promettent de couler le plus longtemps. Là où, aussi, le soleil, le vent et des espaces plaident en faveur d’un déploiement du photovoltaïque et de l’éolien.

Sur le papier, leurs intentions sont claires: BP, CHEVRON, EXXONMOBIL CHEMIC., Shell et TotalEnergies, les cinq majors du secteur, se sont tous engagés à être neutres en carbone en 2050. Dans les faits, c’est beaucoup moins évident, encore moins depuis le début de la guerre en Ukraine.

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Comme si Big Oil – ainsi nomme-t-on les principaux producteurs d’hydrocarbures – était ballotté entre des décisions à court terme que son statut en bourse semble lui imposer et les enjeux climatiques de longue durée. Comme si l’industrie était tiraillée entre des actionnaires et des politiques qui veulent qu’elle fore plus et d’autres qui plaident le contraire. Comme si le secteur devait choisir entre décarbonation et sécurité d’approvisionnement. ### Revirements spectaculaires Ces dernières années ont été marquées par deux revirements spectaculaires. La pandémie a aussi sensibilisé les milieux économiques à la fragilité de notre espèce. Elle a engendré en Europe une vague verte et des annonces de décarbonation dans l’industrie pétrolière, sans doute stimulées par les bas cours du brut. Mais c’était sans compter la crise énergétique engendrée par la guerre en Ukraine. Les questions de sécurité d’approvisionnement, inexistantes avant les sanctions contre la Russie, ont pris une importance insoupçonnée. De l’énergie, il en fallait beaucoup et tout de suite. Or seuls les hydrocarbures peuvent être rapidement et massivement déployés aujourd’hui. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) s’est alarmée de ce deuxième revirement dans un [rapport](https://www.iea.org/news/oil-and-gas-industry-faces-moment-of-truth-and-opportunity-to-adapt-as-clean-energy-transitions-advance) ce mois-ci. La COP28 sera un «moment de vérité» pour cette industrie, écrit l’organisation internationale.
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Evoquons les cas de BP, symbolique des tergiversations européennes, puis d’ExxonMobil, qui paraît par contre sûr de son fait outre-Atlantique. En 2020, la multinationale britannique a déclaré que la moitié de ses investissements dans la décennie suivante seraient dédiés à la transition énergétique. Elle s’est engagée à réduire de 40% sa production d’hydrocarbures et massivement investir dans les renouvelables d’ici à 2030. Soit une refonte totale du groupe pour atteindre la neutralité carbone en 2050. D’autres poids lourds européens ont réagi dans son sillage. Le Français Total a changé de nom pour adopter celui de TotalEnergies en 2021, signe que le groupe aurait élargi sa palette d’activités. Comme Avenergy Suisse, l’association helvétique des importateurs d’hydrocarbures, s’appelait Union pétrolière avant 2019. Du _greenwashing_? BP a en tout cas fait machine arrière au début de 2023, refroidi par la crise énergétique. En février, la firme a indiqué que sa production de pétrole et de gaz ne diminuerait plus que d’un quart d’ici à 2030 et que ses émissions baisseraient moins vite que prévu. Un «U-turn» (demi-tour), selon le [_Financial Times_](https://www.ft.com/content/16f8800b-7300-42e0-a3c7-3400ed6c4fa5). C’est la deuxième fois que BP fait marche arrière sur un plan visant à freiner sa production de pétrole au profit d’énergies plus propres. La première tentative, au début du siècle, a été abandonnée quand les prix du brut ont atteint un pic historique, en 2008, à près de 150 dollars le baril. ### «Le débat est clos» «La révision à la baisse de leurs objectifs clôt le débat: les majors ne transitionneront pas, affirme Sarah Bakaloglou, chargée de presse de l’ONG Reclaim Finance. Il revient aux acteurs financiers de suspendre tout service qui ne ciblerait pas des activités durables et de sanctionner leur inaction climatique en votant systématiquement contre leur direction lors de leurs assemblées générales.»
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ExxonMobil a été plus constant que BP. Le géant américain, réputé pour avoir résisté aux pressions des écologistes, a augmenté sa production de pétrole et de gaz ces dernières années. Le groupe estime que le problème ce n’est «pas les ressources fossiles mais leurs émissions polluantes». Comme CHEVRON, l’autre géant américain, il dit d’abord miser sur des technologies pour capturer et stocker ces rejets, là où en Europe, BP, Shell ou TotalEnergies parient plus sur des énergies renouvelables. En 2022, EXXONMOBIL CHEMIC. a publié un bénéfice record de [58 milliards de dollars](https://www.letemps.ch/economie/energie/apres-benefices-record-2022-geants-petrole-devraient-nouveau-gagnants-2023), deux fois celui de BP, et a versé dix fois plus de dividendes qu’elle n’a investis dans des projets à faible teneur en carbone. Son titre s’est envolé (à 104 dollars mardi contre 45 dollars en janvier 2021). En réalité, les cinq majors ont publié la même année un bénéfice cumulé et versé des dividendes record. De quoi exacerber les critiques car les ménages ont en même temps vu leurs factures énergétiques flamber. Contactés, BP et EXXONMOBIL CHEMIC. n’ont pas répondu. Un porte-parole de Shell évoque une transition énergétique qui doit être «équilibrée» et une demande mondiale en énergie croissante qui «sera satisfaite par différents types d’énergie, dont le pétrole et le gaz». TotalEnergies a produit en 2022 1,46 million de barils de pétrole par jour, un chiffre qui baissera à moins de 300 000 en 2050, relève son service de presse. En 2022, les six plus grandes entreprises énergétiques européennes en termes de production de combustibles fossiles – BP, Eni, Equinor, Repsol, Shell et TotalEnergies – ont chacune engagé moins d’un quart de leurs investissements dans des projets à faible émission de carbone, selon [Reclaim Finance](https://www.fdiintelligence.com/content/data-trends/energy-majors-fall-short-on-renewables-investment-82261).
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«A long terme, de nombreux actifs pétroliers et gaziers risquent de perdre en valeur en raison d’une offre excédentaire. C’est un vrai risque pour les investisseurs», affirme Sarah Bakaloglou. Les producteurs de pétrole et de gaz, malgré leurs poids, ne représentent que 1% des investissements dans les énergies vertes et se sont contentés d’investir l’an dernier 2,5% de leurs capitaux dans le secteur, selon l’AIE. En 2021, l’agence avait déclaré qu’il n’y aurait pas de place pour de nouveaux projets d’exploration pétrolière et gazière si l’on voulait respecter l’Accord de Paris. ### Signaux contradictoires En même temps, les trois quarts de l’énergie consommée dans le monde viennent [du charbon, du pétrole et du gaz](https://ourworldindata.org/grapher/global-energy-substitution). De quoi investir massivement dans ces ressources, même si la demande en charbon culmine à peu près et celle de pétrole et de gaz devrait atteindre un pic en 2030, selon l’AIE. Les cinq majors développent 157 champs pétroliers, en plus des 1350 qu’ils exploitent déjà, selon des données recueillies par [Energy Monitor](https://www.energymonitor.ai/risk-management/exclusive-oil-majors-expansion-little-heed-to-net-zero/?cf-view), un site spécialisé qui juge que c’est trop. Jusqu’ici les signaux des autorités ont été contradictoires. Joe Biden a promulgué en 2022 l’«Inflation Reduction Act». Mais ces subventions massives aux énergies propres pourraient être [vidées de leur substance](https://www.ft.com/content/ed4b352b-5c06-4f8d-9df7-1b1f9fecb269?accessToken=zwAAAYwBfO0hkdPtSzUrXAZPjdOd9xsfn-yyaQ.MEQCIFykBCm-XRgxux6JciRu5fMv9T1F4wlB_9vzDxrt6oZwAiByAGYTu-qcN8hBPVgXv-z6fye2wj5TIWV4r0WcZWlWBg&segmentId=e95a9ae7-622c-6235-5f87-51e412b47e97&shareType=enterprise) si Donald Trump prenait sa succession en 2024. En même temps, la Maison-Blanche a demandé aux producteurs américains de gaz et de pétrole de schiste d’augmenter leur offre. Elle a en outre libéré des millions de barils de brut de la réserve stratégique américaine pour faire baisser les prix. En Europe aussi, les discours favorables au climat des gouvernants ne les ont pas empêchés de se ruer vers des alternatives pétrolières et gazières aux hydrocarbures russes, au prix fort, face aux menaces de pénuries.
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Chez les négociants en énergie suisse, le tiraillement est comparable. [Trafigura](https://www.letemps.ch/economie/energie/trafigura-califourchon-entre-forces-fossiles-transition-energetique) négocie 5% du pétrole mondial et un cinquième des métaux de la transition. Glencore figure parmi les principaux producteurs de charbon et de cobalt. Vitol, le premier marchand privé de pétrole, investit des millions dans les renouvelables. Retrouve-t-on les mêmes hésitations chez les consommateurs? En Suisse, aux dernières élections fédérales d’octobre, Les Vert·e·s ont reculé au détriment de l’UDC, un parti qui se dit plus convaincu par la sécurité d’approvisionnement que par la décarbonation. Tous ces tiraillements devront être considérés à la COP28, à voir comment.
Mercredi 29 novembre 2023, 06h00 - LIRE LA SUITE
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