
Le marché de l’automobile électrique marque le pas en Europe. La Suisse fait figure d’exception. Dans le pays, une voiture neuve sur cinq est électrique
Au mois de mai, les ventes de voitures électriques en Allemagne ont reculé de 30,6% par rapport au même mois en 2023. Selon les chiffres de l’Agence fédérale pour l’automobile (KBA), publiés ce mercredi, c’est la quatrième baisse consécutive pour le segment électrique d’un marché automobile en souffrance. Cette chute s’explique surtout par la fin des achats subventionnés, décidée en décembre par le gouvernement d’Olaf Scholz.
Conséquence de cette politique, les voitures électriques ne représentaient plus que 12,6% du marché automobile allemand en mai. Sur l’ensemble de l’année 2023, elles représentaient plus de 18% des nouvelles immatriculations. «Les particuliers et les entreprises restent réticents à faire des achats importants et les prix des voitures neuves restent relativement élevés», explique Constantin Gall, analyste chez EY.
Pour endiguer cette chute «massive», la fédération allemande des constructeurs automobiles internationaux (VDIK) attend des «signaux politiques et des contre-mesures», pour «rétablir la confiance des consommateurs dans l’e-mobilité». Pour son président Reinhard Zirpel, «cela comprend l’expansion des infrastructures de recharge et des approches stratégiques pour réduire le prix de l’électricité en Allemagne, l’un des plus chers d’Europe».
### Un phénomène européen
Les statistiques publiées samedi par les industriels français indiquent que la part de l’électrique se situe à 17,6% du marché des voitures neuves dans le pays. La France a durci les conditions d’accès au bonus écologique en début d’année, excluant les voitures trop lourdes ou celles qui émettent trop de CO2. Les spécialistes observent un attentisme de la clientèle face aux futures réglementations.
L’Union européenne prévoit d’interdire la vente de véhicules thermiques neufs à partir de 2035. En quelques années et jusqu’en 2023, les voitures électriques avaient conquis 14,6% des parts du marché européen. Mais elles restent destinées à une clientèle aisée, parce que les constructeurs peinent à développer des modèles d’entrée de gamme. Beaucoup craignent l’arrivée de voitures électriques chinoises bon marché.
De janvier à avril 2024, 441 992 nouvelles voitures électriques ont été enregistrées en Europe, selon les chiffres de l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA). C’est une augmentation de 6,4% par rapport à la même période en 2023. Mais cette part de marché s’élève à 12% en avril contre une moyenne de 14,6% l’an passé. Pour Baptiste Leflaive, de conseil Colombus Consulting, «ce ralentissement est surprenant».
### Le Sonderfall suisse
En 2023, les immatriculations de voitures électriques en Suisse avaient dépassé la barre des 20%, pour la première fois, avec 20,9% du marché. En 2022, le segment du 100% électrique représentait 17,8% des ventes et en 2021, 13,3%. De janvier à mars 2024, les voitures électriques ont représenté 18,2% du marché. La Suisse ne semble donc pas touchée par la baisse des ventes observées sur le continent.
«On constate une part de l’électrique de 15,5% en janvier, mais de 20,3% en mars. On est ainsi presque à la moyenne de 2023», analyse Krispin Romang, directeur de l’association Swiss eMobility. Selon lui, «la croissance se poursuivra cette année, malgré un contexte difficile». Christoph Wolnik, directeur adjoint d’Auto-Suisse, estime lui que «le chiffre de 2023 devrait être atteint cette année et peut-être légèrement dépassé».