Diadème, le retour en grâce

Les tiares reviennent en majesté dans les collections de haute joaillerie. Symboles de grâce et de pouvoir, ces accessoires de tête rivalisent d’élégance, fusionnant passé glorieux et mythologie contemporaine

Les bijoux de tête ont longtemps été réservés aux grandes familles royales mais les diadèmes, couronnes, tiares et autres aigrettes se sont fortement démocratisés au cours des XIXe et XXe siècles, jusqu’à devenir des accessoires de mode. Les plus grands joailliers d’aujourd’hui réinterprètent ces parures des plus précieuses qui se portent à l’occasion de cérémonies codifiées, mais aussi de manière plus désinvolte et plus libre, lors de célébrations intimes, comme symbole d’empowerment féminin. Ces bijoux du passé, revisités à l’aune du XXIe siècle, sont notamment très prisés des clientes du Moyen-Orient et de l’Asie orientale, qui trouvent dans ces habits du visage une nouvelle forme de modernité. Fabriqués dans des métaux précieux et selon un savoir-faire extrêmement précis, ornés de pierres précieuses de couleur, de diamants et de perles, les diadèmes sont de véritables précis d’architecture, qui repoussent toujours plus loin les limites de l’art joaillier. Tour d’horizon des plus belles pièces de la saison.

• Sacre néo-impérial

 A la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, le diadème est un objet précieux à la mode. Napoléon, cherchant à rehausser toujours plus la grandeur de sa cour, favorise le style Empire avec des femmes costumées et parées de tiares. Le jour de son sacre, le 2 décembre 1804, l’impératrice Joséphine, agenouillée devant son époux, est coiffée d’un volumineux diadème orné d’améthystes. Deux siècles plus tard, les impératrices se font rares mais les séries royales comme _La Chronique des Bridgerton_ ou _The Crown_, ont relancé la mode des bijoux de tête. Dior se distingue avec un collier transformable en un diadème délicat, pour un bijou deux en un. Ce collier plastron à double rang orné d’un diamant taille cerf-volant de 3,03 carats se métamorphose avec aisance en serre-tête, rappelant la tradition de la Belle Epoque, lorsque les joailliers créaient des colliers de jour capables de se muer en accessoires de tête pour accompagner les tenues du soir. Ce diadème fait partie de la collection «Dior Délicat» signée Victoire de Castellane et inspirée du travail de la haute couture. Cette pièce complexe comprend ainsi deux galons scintillants composés de diamants ronds, carrés et marquises, tressés comme des broderies précieuses. Une prouesse sculpturale pour un style néo-impératrice. - **Lumière éclatante**  Parmi les diadèmes les plus anciens, certains datent de 300 av. J.-C. Fabriqués principalement en tissu, parfois agrémentés d’or ou de tresses de fleurs fraîches, ces ornements de l’art grec étaient portés aussi bien par les hommes que par les femmes, sans distinction de genre. En venant coiffer la tête, le diadème impose une posture et un statut particulier à celui ou celle qui le porte, en l’auréolant d’une certaine puissance. Sur les podiums des défilés du XXIe siècle, posé sur la tête des mannequins, il devient un symbole d’_empowerment_ féminin. Cartier surnommé par Edouard VII «joaillier des rois, roi des joailliers» dévoile un collier-tiare baptisé «Spina», l’une des pièces maîtresses de sa collection de haute joaillerie «Le Voyage recommencé» qui évoque la nature ondulatoire de la lumière. Il confèrera de la force et du pouvoir à celles qui l’adopteront. Ce collier aussi souple qu’une étoffe se compose de lignes brisées, alternance de diamants, de saphirs et d’ajours. Au centre, on retrouve un alignement de deux diamants coussins pour 4,56 carats et d’un saphir de Ceylan de 29,16 carats. Pivotant sur lui-même, grâce à un ingénieux système de construction, le tour de cou se transforme en un diadème majestueux. - **Parure ailée**  La maison Nitot, l’ancêtre de Chaumet, fondée par Marie-Etienne Nitot en 1780, était le joaillier-orfèvre de l’empereur, fervent amateur de bijoux de tête, symboles de pouvoir. Depuis 1780, la maison Chaumet, qui a réalisé plus de 2000 diadèmes pour les monarchies et les grandes familles aristocratiques, réinvente sans cesse cette parure. La fabrication d’un diadème fait appel à une technique spécifique, utilisant une maquette en volume dite «maillechort», qui permet d’ajuster la création à la forme de la tête et au porter. Chaumet conserve ainsi environ 700 maquettes de diadèmes dans son musée, témoins de l’histoire de son savoir-faire créatif. Chaque diadème fait ensuite l’objet de multiples étapes, détaille le maître joaillier: mise en forme, démontage, préparation du serti, polissage, retaille des diamants, sertissage, pose des poinçons de maître et d’Etat, gravure Chaumet, montage final et finitions définitives du diadème. Cette saison, la maison propose une parure originale déployant des plumes d’or rose brossé alterné d’or blanc serti de diamants, qui viennent dessiner un oiseau en plein envol. La pièce est illuminée par un diamant poire de 2,30 carats, la taille favorite de l’impératrice Joséphine, influenceuse de tiares avant l’heure. Métamorphosé en broche, le bijou se pose sur la poitrine comme une aile se laissant porter par le vent, offrant une démonstration de transformabilité. De la haute voltige. - **Auréole divine**  Le joaillier new-yorkais Tiffany & Co. fabrique des couronnes et autres diadèmes sur mesure depuis le XIXe siècle mais c’est certainement l’icône du cinéma, Audrey Hepburn, qui lui vaut sa réputation en la matière. Dans le célèbre film, _Diamants sur canapé,_ l’actrice arbore un bijou de tête en diamant, qui vient illuminer sa robe noire signée Givenchy. Toujours à la pointe de la mode, le joaillier confectionnera pour le rappeur américain Kendrick Lamar, à l’occasion de son concert à Glastonbury en 2022, une couronne ornée de 50 épines de formes variées et de plus de 8000 diamants sertis en pavé. Cette année, le joaillier présente un collier précieux qui se transforme en diadème, selon un discret mécanisme. Si une tiare en diamants peut apparaître comme une pièce extravagante arborée en de rares occasions, elle se porte plus aisément en parure de cou. Cet opus est issu de la collection «Rayon de soleil», inspirée des anciennes broches du joaillier Jean SCHLUMBERGER évoquant les éclats dorés du soleil. Ce collier-diadème présente un magnifique pendentif à l’allure de goutte, orné en son centre d’un spinelle rouge en forme de poire de plus de 4 carats, formant une auréole précieuse. N’oublions pas que le diadème a d’abord été lié au divin, représentant un cercle lumineux autour de la tête de Dieu, des anges, des saints ou encore de certains empereurs, symbole de grâce et de lumière. - **Royale nature**  Les bijoux de tête sont d’une fantaisie et d’un luxe illimités. Ces habits de visage illuminent le teint et réhaussent de grâce le port de tête. A l’image de cette tiare signée Gucci haute joaillerie, digne des plus beaux contes de fées. Cette pièce, à l’allure très princesse, est issue de la collection «Allegoria» de la maison italienne qui évoque les métamorphoses et la beauté éphémère de la nature au fil des saisons, une inspiration poétique très en vogue dans l’Art nouveau, période durant laquelle les joailliers représentaient dans leurs diadèmes des paysages colorés très oniriques. Chez Gucci, les pierres précieuses et les motifs complexes illustrent une transformation glorieuse, pour ne pas dire royale, de la nature. Car toute la collection respire la royauté. Les pierres précieuses déclinées dans des tons riches et audacieux, ici les grenats mandarins et les rubellites, font crépiter les joies de la nature, comme lorsque les fleurs commencent à éclore au printemps. Les pierres, de taille européenne, uniques en leur genre et issues d’anciennes mines, confèrent à la collection «Allegoria» un style vintage raffiné, évoquant une époque où les pierres précieuses étaient taillées à la main. A l’image de cette magnifique rubellite, en forme de cœur stylisé. - **Cœur époustouflant**  Le joaillier londonien Graff se distingue également dans l’art des ornements de tête, proposant une large gamme allant du diadème à la barrette agrémentée de fleurs. «Toute femme veut une bague, a besoin de boucles d’oreilles, meurt d’envie d’avoir un collier, mais une tiare est la dernière pièce du puzzle de la parure. C’est le bijou qui transforme celle qui le porte en princesse ou en reine», explique Martin Leggatt, le directeur du salon Graff de New Bond Street à Londres. Et pour cette pièce maîtresse qui se doit d’être époustouflante, Graff sort le grand jeu. Voici le diadème «Infinity» qui porte le nom de son diamant exceptionnel. Certifié par le Gemological Institute of America (GIA) pour sa couleur supérieure et son total de 157,80 carats, le diamant «Infinity» est l’un des plus gros diamants en forme de cœur au monde. Pour la maison, c’est à la fois un «miracle de la nature et le summum de la romance». Un diamant brut de 373 carats a été découvert dans la mine de Karowe au Botswana, sa taille impressionnante a immédiatement attiré l’attention de Laurence Graff, fondateur de la maison. Ce dernier a réuni son équipe d’experts gemmologues pour examiner chaque millimètre de la pierre brute. L’équipe a cartographié sa structure précise et a découvert que, caché à l’intérieur, se trouvait un diamant en forme de cœur, d’une magnitude unique au monde. C’est ainsi que le diadème «Infinity» a vu le jour, la pierre magique s’accompagnant de 18 diamants eux aussi en forme de cœur, suspendus dans des arabesques de diamants.