Le scénario Goldilocks, impliquant une croissance et une inflation modérées aux Etats-Unis, reste d’actualité, tout comme la perspective d’une reprise cyclique en Europe. Ces dynamiques devraient continuer à soutenir les actifs risqués en 2026
Actions: les bénéfices, moteur principal de performance
Les valorisations boursières, notamment aux Etats-Unis, restent élevées. Toutefois, la poursuite des baisses de taux de la Fed, la stabilisation de son bilan, ainsi qu’un positionnement des investisseurs ne présentant pas de signes de surachat sont des éléments rassurants. Cela dit, le potentiel de revalorisation semble limité. Comme en 2025, les résultats des entreprises devraient rester le principal moteur des marchés actions.
Aux Etats-Unis, les bénéfices des entreprises devraient croître de 14% en 2026, portés par le secteur technologique ainsi que par les gains de productivité liés à l’intelligence artificielle (IA). Selon plusieurs estimations, l’IA pourrait générer une hausse de 1% de la productivité du travail, en fonction de sa vitesse d’adoption. Une exposition au secteur technologique américain reste donc incontournable, malgré des valorisations élevées. Il ne s’agit pas d’une bulle: ces valorisations sont liées à une croissance bénéficiaire très forte et durable. Elles sont tout à fait acceptables si on compare les cours actuels à une croissance bénéficiaire à trois ans ou à cinq ans.
En Europe, la croissance des bénéfices a été modeste en 2025, dans un contexte économique fragile. Mais la reprise attendue en Allemagne, soutenue par un plan de relance budgétaire, devrait changer la donne. La dissipation des incertitudes liées au commerce mondial offre une meilleure visibilité aux entreprises, qui adaptent leurs chaînes d’approvisionnement. En 2026, les bénéfices des entreprises européennes devraient connaître une croissance à deux chiffres. Les secteurs industriels et les petites et moyennes capitalisations européennes devraient être les principaux bénéficiaires de cette reprise, en raison de leur sensibilité au cycle économique. Les petites et moyennes capitalisations suisses devraient également en profiter, grâce au degré d’ouverture de l’économie helvétique et à ses liens étroits avec l’Europe.
Obligations: poursuite de la pentification des courbes de taux
Aux Etats-Unis, les taux directeurs pourraient encore baisser de 75 points de base d’ici à fin 2026. Cette dynamique devrait prolonger la pentification de la courbe des taux, principalement sous l’effet d’une nouvelle baisse des taux courts. L’inflation liée à la hausse des droits de douane devrait atteindre un pic à la mi-2026 avant de refluer, ce qui soutiendra modérément les obligations de maturité longue en fin d’année. Toutefois, la résilience de la croissance américaine et les inquiétudes persistantes quant à la soutenabilité de la dette publique continueront de pousser les investisseurs à exiger une prime à terme élevée. Celle-ci ne devrait donc pas se détendre à court terme.
En Europe, la situation est différente. La relance budgétaire en Allemagne et l’absence de consolidation budgétaire en France devraient maintenir les taux souverains à leurs niveaux actuels, relativement élevés. Contrairement aux Etats-Unis, le mouvement de pentification de la courbe des taux s’est stabilisé, la Banque centrale européenne ayant terminé son cycle de baisse des taux.
La fin de la contraction du bilan de la Fed devrait réduire la volatilité obligataire et alléger les tensions sur le financement. Par ailleurs, les taux de défaut des entreprises sont en baisse, une tendance que les agences de notation estiment durable. Ce contexte reste donc favorable aux obligations d’entreprise, malgré des écarts de crédit historiquement faibles. Enfin, la dette émergente devrait continuer de bénéficier d’un dollar plus faible.
Dollar sous pression, diversification stratégique via des hedge funds ou de l’or
Bien que le scénario Goldilocks reste notre scénario central, des risques subsistent: un ralentissement plus marqué de l’économie américaine, une inflation plus tenace, ou des effets durables liés aux hausses de droits de douane. Dans ce contexte, une allocation diversifiée incluant des hedge funds, l’or et le bitcoin permet de capter le potentiel haussier des marchés tout en se protégeant contre ces incertitudes.
L’or continuera de jouer son rôle d’actif refuge dans un environnement économique et géopolitique incertain. La demande restera soutenue, notamment par les banques centrales des pays émergents et les investisseurs via les ETF. Le bitcoin, traditionnellement soutenu par l’augmentation de la dette et de la liquidité, bénéficie désormais d’un cadre réglementaire américain mieux défini, d’une moindre volatilité et de flux des investisseurs institutionnels. Il constitue ainsi une alternative numérique à l’or, renforçant la diversification des portefeuilles.
A l’inverse, la prudence s’impose vis-à-vis du dollar. Le cycle de baisse des taux de la Fed n’est pas terminé, alors que le marché du travail montre des signes de ralentissement. L’écart de taux d’intérêt devrait donc continuer à se réduire, au détriment du billet vert. La dette publique élevée, l’instabilité politique et les menaces sur l’indépendance de la Fed alimentent les risques de dédollarisation. En réponse, les banques centrales et les investisseurs diversifient leurs réserves en devises, ce qui continuera de peser sur le dollar.
A l’inverse, l’euro devrait bénéficier de la reprise cyclique européenne et de la fin du cycle de baisse des taux de la BCE. Quant au franc suisse, il devrait rester fort. La Banque nationale suisse semble avoir mis fin à son cycle d’assouplissement monétaire et privilégie désormais des interventions ciblées sur le marché des changes plutôt qu’un retour aux taux négatifs.