
La banque privée genevoise a fait l’objet d’une enquête liée au détournement présumé de centaines de millions par l’ex-directeur de la banque centrale libanaise, révélée le mois dernier. L’établissement parle d’une évolution de sa stratégie
La banque privée suisse du groupe HSBC met fin à ses relations avec plus de 1000 riches clients du Moyen-Orient, dont beaucoup possèdent des actifs supérieurs à 100 millions de dollars, afin de réduire son exposition aux personnes qu’elle considère comme présentant un risque élevé, a révélé l’agence Bloomberg la semaine passée. Ces clients originaires d’Arabie saoudite, du Liban, du Qatar et d’Egypte ont parfois déjà reçu des lettres de clôture de comptes, qui les informent aussi qu’ils pourraient envisager de transférer leurs activités vers d’autres juridictions, selon des sources proches du dossier.
Approchée par Le Temps, HSBC Private Bank Switzerland n’a pas précisé si les clients concernés possédaient la nationalité de ces pays ou s’ils en étaient simplement résidents. Le groupe nous a déclaré par écrit faire «évoluer l’orientation stratégique de la banque privée suisse», en créant une organisation «plus simple et plus dynamique» pour renforcer ses parts de marché dans les domaines où elle dispose d’avantages concurrentiels. «Nous nous engageons pleinement envers nos activités de gestion de patrimoine au Moyen-Orient et en Suisse», affirme le directeur de la gestion de fortune internationale de HSBC, Barry O’Byrne. HSBC Private Bank Switzerland gérait 81,2 milliards de francs d’avoirs fin 2024 avec plus de 700 employés.
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En 2024, l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma) a ordonné à HSBC de ne pas nouer de nouvelles relations commerciales avec des personnes dites politiquement exposées («PEP» en jargon financier), c’est-à-dire des personnes occupant une fonction publique qui les rend plus vulnérables à la corruption. Un auditeur devait être nommé pour examiner les activités concernées.
Le mois dernier, on apprenait dans son rapport semestriel que la banque privée suisse HSBC faisait l’objet d’une enquête suisse pour blanchiment d’argent lié au détournement présumé de centaines de millions de dollars par l’ancien gouverneur de la banque centrale libanaise.
En juin dernier, la Finma a spécifiquement mis en évidence deux relations commerciales à haut risque pour lesquelles elle a déclaré que HSBC Private Bank (Suisse) SA n’avait pas suffisamment vérifié l’origine, l’objet ou le contexte des actifs concernés. Selon la Finma, les transactions suspectes portant sur plus de 300 millions de dollars entre le Liban et la Suisse ont été effectuées entre 2002 et 2015.