
ÉDITORIAL. La banque en ligne romande a réalisé des performances financières remarquées cette année. De quoi rappeler que l’économie suisse ne se résume pas aux exportations à destination des Etats-Unis
Depuis deux semaines, le traumatisme national provoqué par l’imposition de 39% de droits de douane sur les exportations vers les Etats-Unis monopolise l’espace public. Il suscite, c’est légitime, une avalanche d’interrogations sur l’attractivité de la Suisse. Une obsession qui pourrait faire oublier que l’économie helvétique ne se résume pas à ses exportations à destination des Etats-Unis.
Publiés il y a quelques jours, les résultats record de la banque en ligne Swissquote viennent nous rappeler à point nommé que le pays regorge de pépites qui créent au quotidien de la valeur ajoutée et des emplois. Basé à Gland, l’établissement dirigé par Marc Bürki a annoncé un afflux net de capitaux record, s’offrant le luxe de revoir à la hausse ses objectifs annuels. Il s’attend à enregistrer un bénéfice net de 700 millions de francs.
Les investisseurs n’ont pas attendu ces chiffres pour s’enticher de la société désormais valorisée à 8,25 milliards de francs, à la faveur d’une envolée de son action de 52% depuis le début de l’année. Ils apprécient surtout la capacité de Swissquote à rentabiliser au mieux chaque franc engrangé, notamment grâce à l’internalisation de sa plateforme.
Un avantage qui ne doit rien au hasard puisque la numérisation fait partie de l’ADN de la banque fondée dans les années 1990. La forte appétence de ses dirigeants pour la technologie l’a également poussée à s’intéresser avant d’autres aux cryptomonnaies et à lancer Yuh avec PostFinance afin de séduire les jeunes.
Devenue désormais propriétaire unique de cette application bancaire, Swissquote entend la développer hors des frontières du pays, relevant que la très britannique Revolut ne se gêne pas pour venir chasser sur ses terres fort exiguës. Un constat qui rappelle à quel point la partie n’était pas gagnée d’avance pour les fondateurs de la société, qui ont dû surmonter bien des obstacles pour donner corps à leur vision. Internet n’en était alors qu’à ses balbutiements.
Les voici désormais arrivés à l’heure du passage de témoin, un autre défi qui attend la banque en ligne. Elle entend, pour ce faire, recruter à l’interne. La pérennité de l’entreprise, rare réussite numérique en terres helvétiques, représente bien sûr un enjeu important. Mais l’essentiel est ailleurs pour la Suisse, qui doit impérativement cultiver ses fameuses conditions-cadres pour permettre à tous les Marc Bürki du pays d’entreprendre et de régénérer le tissu économique.