
Le chiffre d'affaires du groupe américain s'établit à 47,5 milliards de dollars au deuxième trimestre, en croissance de 22% sur un an. Des résultats de bon augure qui enchantent Wall Street, alors que Mark Zuckerberg a engagé des dépenses extraordinaires dans l'IA
Malgré de fortes dépenses dans l'intelligence artificielle (IA), Meta (Facebook, Instagram) a ravi le marché mercredi avec de fortes croissances de ses revenus et profits trimestriels. L'empire américain des réseaux sociaux a largement dépassé les attentes avec 47,5 milliards de dollars (38,6 milliards de francs suisses) de chiffre d'affaires au deuxième trimestre, en croissance de 22% sur un an, d'après son communiqué de résultats publié mercredi.
Son bénéfice net est ressorti à 18,34 milliards (14,9 milliards de francs suisses, 36%), grâce notamment à la hausse des prix publicitaires et du nombre d'utilisateurs dans le monde. Son action grimpait de plus de 9% lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse de New York.
Les économies subissent en ce moment les guerres commerciales américaines, mais «de nombreuses marques continuent de dépenser comme à l'accoutumée en attendant que la situation se stabilise», a commenté Minda Smiley, analyste chez Emarketer. En outre, souligne-t-elle, «beaucoup d'annonceurs ont sans doute recentré leur budget sur des plateformes éprouvées comme Facebook et Instagram durant cette période d'incertitude».
Nouveaux centres de données, acquisition et employés débauchés
Les solides performances du groupe de Menlo Park (Californie) tombent bien pour son patron Mark Zuckerberg, qui a besoin de convaincre le marché du bien-fondé de ses dépenses extraordinaires. Le milliardaire veut en effet regagner du terrain dans la course à la «superintelligence» ou «IA générale», cette technologie hypothétique, aux capacités cognitives supérieures à celles des humains, graal de la Silicon Valley. Il multiplie les annonces depuis que Llama 4, la dernière version du modèle d'IA générative de Meta dévoilée début avril, a déçu.
Le groupe a relevé ses prévisions d'investissements annuels à une fourchette comprise entre 66 et 72 milliards de dollars, pour construire des infrastructures IA plus puissantes. Puis Mark Zuckerberg a évoqué ce mois-ci des «centaines de milliards de dollars» à investir dans de nouveaux centres de données conçus spécifiquement pour les modèles d'IA générative, avec des puces de pointe et des ressources énergétiques conséquentes.
Il a récemment déboursé 14,3 milliards de dollars pour acquérir 49% du capital de Scale AI, une start-up spécialisée dans la mise en état de données pour les modèles. Surtout, il a débauché son patron milliardaire Alexander Wang et plusieurs employés d'OpenAI, Anthropic et GOOGLE, en leur offrant des primes faramineuses.
«En dehors des infrastructures, nous prévoyons que la rémunération des employés sera le deuxième facteur de croissance des dépenses en 2026, avec le recrutement de talents dans les domaines prioritaires», a indiqué l'entreprise dans son communiqué mercredi.
Jusqu'à présent, le marché a suivi Zuckerberg. La capitalisation de Meta a bondi de 20% depuis le début de l'année. «Mais ces énormes investissements» vont être surveillés de près selon Debra Aho Williamson, analyste de Sonata Insights, d'autant que «le groupe ne prévoit pas de monétiser directement l'IA cette année».
Les lunettes connectées au coeur de la «superintelligence»
La firme de Menlo Park se concentre sur l'adoption de ses nouveaux outils par les utilisateurs, annonceurs et développeurs, mais «elle risque de voir OpenAI continuer à creuser l'écart», grâce à la «forte notoriété de ChatGPT auprès du grand public», a ajouté l'experte.
Meta dispose cependant d'un effet d'échelle considérable: en juin 2025, 3,48 milliards de personnes dans le monde se connectaient tous les jours sur au moins une des plateformes de Meta (Facebook, Instagram, Threads, WhatsApp et Messenger), qui donnent aussi accès à son assistant IA, Meta AI.
Mercredi, avant la publication des résultats, Mark Zuckerberg a publié un billet de blog sur sa vision de la «superintelligence», qui a selon lui «le potentiel d'ouvrir une nouvelle ère d'émancipation personnelle». Il assure que les lunettes connectées seront centrales dans le déploiement de cette technologie.
A lire également: Les GOOGLE Glass font leur retour… mais à nouveau, rien ne garantit leur succèsLes ventes des Ray-Ban Meta, dont les montures intègrent micros, caméra et Meta AI, ont triplé sur un an, d'après leur fabricant EssilorLuxottica.
La branche Reality Labs du géant américain, chargée du développement d'appareils et de logiciels pour le métavers (mélange des univers réels et virtuels via des lunettes et casques high tech), a de nouveau creusé ses pertes, à 4,5 milliards de dollars (3,6 milliards de francs suisses) ce trimestre.