
Alors que les contre-performances et les annonces de restructuration se succèdent dans l’industrie automobile européenne, le constructeur français a surpris jeudi en livrant des résultats meilleurs qu’attendu
Entre sa nouvelle gamme de voitures et ses réductions de coûts, RENAULT estime avoir trouvé la «potion magique». Le producteur de voitures français a annoncé jeudi avoir atteint en 2024 un niveau record de profitabilité opérationnelle, à 4,26 milliards d’euros (4 milliards de francs), en hausse de 3,5%. Son chiffre d’affaires a pour sa part augmenté de 7,4% à 56,2 milliards d’euros.
Le bénéfice net ne profite en revanche pas de cette embellie puisque le groupe français a dû retrancher aux 2,8 milliards d’euros dégagés un montant de 2 milliards dus à la perte de valeur des actions de son partenaire Nissan dont il s’est en partie désengagé. L’évolution de la relation entre les deux constructeurs reste à définir après l’échec du projet de fusion entre Nissan et son compatriote Honda. Les deux acteurs japonais de l’automobile avaient ouvert en fin d’année dernière des discussions pour unir leurs forces et devenir le troisième constructeur mondial, derrière Toyota et Volkswagen.
Avec 1,6 million de véhicules vendus, la marque losange est loin derrière et l’obtention d’une taille critique suffisante fait partie des défis que son patron Luca de Meo doit régler. L’Italien a pris la tête en 2020 d’un groupe dans les chiffres rouges. Il pallie pour l’heure la faiblesse des volumes produits en multipliant les partenariats stratégiques, en réduisant les coûts et en lançant de nouveaux modèles. Pour toucher plus d’automobilistes, RENAULT compte sur une petite Twingo électrique prévue pour 2026 ainsi qu’une petite Dacia annoncée à moins de 18 000 euros.
Si l’action du groupe a gagné plus de 36% sur un an, elle était boudée par les investisseurs jeudi à la bourse, égarant un peu moins de 3% de sa valeur en début d’après-midi. Il faut dire que les points d’interrogation ne manquent pas pour les mois à venir. La possible introduction de droits de douane par les Etats-Unis représente une menace moins grande pour RENAULT, peu présent sur ce marché, que pour certains de ses concurrents. Le constructeur devra toutefois composer avec des règles plus strictes sur l’émission de CO2 dans l’Union européenne et jongler avec un portefeuille fait de thermique, d’hybride et d’électrique, une gageure pour les acteurs du secteur.
Entre pertes et avertissements sur résultats
Le même jour, le groupe allemand Mercedes-Benz a annoncé une baisse de près d’un tiers de son bénéfice net annuel en 2024, plombé par la chute de ses ventes, notamment de ses modèles de luxe et en Chine, son marché principal. Son bénéfice net a atteint 10,41 milliards d’euros en 2024, plongeant de 28,4% sur un an. Le fabricant de voitures entend réduire ses coûts de production de 10% d’ici à 2027.
Son communiqué ne dit pas s’il envisage des suppressions d’emplois qui s’ajouteraient aux 35 000 postes menacés en Allemagne chez VOLKSWAGEN, qui prévoyait en décembre la délocalisation au Mexique de la Golf – son modèle iconique. En septembre, il avait émis un avertissement sur résultat, revoyant à la baisse ses revenus sur l’exercice. Tout comme le français Stellantis, propriétaire des marques PEUGEOT, Chrysler et FIAT, qui fait de surcroît face à des problèmes d’airbags dangereux sur un modèle Citroën. Quelque 236 900 propriétaires de C3 et DS 3 dans le nord de la France ont été appelés lundi à ne plus rouler le temps que soit changé le dispositif supposé les protéger.
Le groupe mondial créé en 2021 est par ailleurs à la recherche d’un nouveau patron après l’annonce du départ de Carlos Tavares, que beaucoup présentent désormais comme l’antithèse de Luca de Meo. Dans une industrie automobile malmenée par la transition énergétique, la baisse de la demande et la concurrence chinoise, les personnalités peuvent toutefois tomber de leur piédestal bien plus vite qu’elles n’y ont accédé.