
CHRONIQUE. Trois axes se détachent dans le probable programme économique du candidat républicain: relocalisations, déréglementation et baisses d’impôts. Un «retour du consommateur américain» n’est pas à écarter
La probabilité d’un retour de Donald Trump à la présidence américaine a semblé s’accroître fortement à la suite de la tentative d’assassinat manquée de l’ancien président le 13 juillet. Le retrait de la candidature de Joe Biden au profit de Kamala Harris n’a pas semblé, jusqu’ici, sérieusement entamer les chances de victoire de Donald Trump. Sur les marchés boursiers, les investisseurs ont soudain cherché à identifier gagnants et perdants de sa politique à venir.
Le fait est qu’à ce stade, les programmes présentés par les candidats tout juste investis par leurs partis sont assez simplistes. A ce jour, nous pouvons principalement nous appuyer, en ce qui concerne l’ancien président, sur l’Agenda 47 (pour 47e présidence des Etats-Unis), publié sur son site de campagne et qui présente ses 20 principaux engagements.
### Réindustrialisation et dérégulation
Parmi les axes saillants sur le plan économique, nous en avons retenu trois: 1) la volonté de relocaliser les emplois industriels, notamment grâce à un renforcement des mesures protectionnistes, 2) la dérégulation de plusieurs secteurs, notamment justifiée par la volonté de faire reculer l’inflation, en particulier dans la production d’énergie fossile, l’industrie automobile ou encore la construction, 3) la baisse des impôts des travailleurs, en rendant permanentes les baisses décidées pendant son premier mandat et en supprimant les impôts sur les pourboires, très importants outre-Atlantique dans le secteur de la restauration.
Au-delà de ces promesses assez peu détaillées, nous pouvons nous appuyer sur la première présidence de Donald Trump (entre 2016 et 2020) pour en tirer quelques enseignements. Certains industriels domestiques ont bénéficié de la mise en place de droits de douane (par exemple dans la sidérurgie et à la production d’aluminium), à tel point que l’administration Biden ne les a pas supprimés, et les a même augmentés dans certains secteurs.
En outre, à la suite notamment du programme de baisses d’impôts dans le cadre du Tax Cuts and Jobs Act de 2017, l’indice de sentiment des consommateurs du Conference Board était passé d’environ 100 juste avant l’élection de Donald Trump à plus de 130, avant de s’effondrer au moment du covid. L’éventualité d’un «retour du consommateur américain» n’est pas à écarter totalement, même si les marges de manœuvre budgétaires paraissent plus faibles aujourd’hui.
### Liberté d’expression et «épanouissement humain»
Dans le secteur tech, Donald Trump prévoit dans son Agenda 47 d’abroger le décret de Joe Biden sur l’IA – considérant qu’il entrave l’innovation et promeut les idées de la gauche radicale – et de soutenir le développement de l’IA sous l’angle de la liberté d’expression et de l’«épanouissement humain».
Le potentiel vice-président de Trump J.D. Vance s’est lui aussi prononcé contre les réglementations excessives qui favoriseraient les GAFAM au détriment de l’innovation. Parmi les «idées Trump» sur les marchés actions, on trouve donc aussi, logiquement, les valeurs moyennes de la tech américaine.