L’entreprise de télécommunication pourrait bientôt proposer des assurances à ses clients. Ce projet pourrait se heurter à la volonté politique de limiter le champ d’action des entreprises publiques
Le groupe de télécommunications Swisscom envisage de proposer à ses clients de nouveaux produits qui n’ont pas grand-chose à voir avec son activité principale, relate le Tages-Anzeiger ce mardi. L’entreprise a confirmé au quotidien zurichois qu’elle étudie une extension de ses offres, qui pourraient inclure à l’avenir des assurances ménage, responsabilité civile ou juridique.
Relayée dans la presse alémanique à la fin de l’année dernière, cette annonce avait déjà provoqué les critiques des assureurs. L’Association Suisse d’Assurances (ASA) s’inquiétait dans le Blick d’une distorsion de la concurrence. Désormais, elle fait réagir aussi à Berne.
## Nouvelle réglementation en vue pour les entreprises publiques
Car Swisscom appartient à 51% à la Confédération. «Une expansion dans d’autres branches, comme dans le secteur des assurances, n’est ni explicitement autorisée ni interdite», précise le _Tages-Anzeiger_. Mais elle se heurte à la volonté politique «d’endiguer les distorsions de concurrences dues aux entreprises publiques» et de définir de manière plus stricte où et comment ces dernières peuvent exercer leurs activités.
Il y a deux ans, le Parlement avait approuvé des motions réclament au Conseil fédéral de modifier la loi dans ce sens. En septembre 2023, le Conseil fédéral a donné au Département de l’économie, compétent en la matière, le mandat d’élaborer une nouvelle réglementation pour les entreprises publiques.
Via son porte-parole, l’entreprise estime que «ces éventuelles activités commerciales ne sont pas en contradiction avec le cadre juridique de Swisscom, pas plus qu’avec les récentes motions». L’entreprise de télécommunication précise au _Tages-Anzeiger_ qu’elle ne souhaite pas devenir assureur elle-même, mais plutôt jouer les intermédiaires en s’alliant avec des partenaires à qui elle offrirait ses compétences numériques pour «dynamiser et compléter positivement le marché de l’assurance».
Le Département fédéral de la communication ne voit pas non plus de problème: «En tant que propriétaire, la Confédération soutient la stratégie de croissance de Swisscom et respecte sa liberté d’entreprise tant qu’elle s’inscrit dans le cadre de l’article sur le but de la loi sur l’entreprise de télécommunications et des objectifs stratégiques du Conseil fédéral», souligne une porte-parole citée dans le quotidien zurichois.
### Position dominante
Jürg Grossen, président du parti vert’libéral et député à Berne, ne l’entend pas de cette oreille. «Les services d’intermédiation sont également un domaine d’activité dans lequel Swisscom concurrencerait des canaux de distribution privés potentiels», réagit-il dans le _Tages-Anzeiger._ Le conseiller national bernois souligne que Swisscom a hérité de nombreux clients de l’ancien monopole des PTT, ce qui lui donne une position dominante. «Elle ne doit pas en tirer de profit supplémentaire, c’est le Parlement qui en a décidé ainsi.»