
CHRONIQUE. Les innovations se propagent et se démocratisent toujours plus rapidement. A travers le destin de Georges Dommen (1847-1920), un ouvrage s’intéresse à la situation en Suisse à l’époque, et nous rappelle qu’il n’en a pas toujours été ainsi
Lire des livres d’histoire vous confronte régulièrement à la singulière impression de voir celle-ci se répéter dans les banalités, tout en évoluant radicalement sur l’essentiel. Ce fut frappant en lisant La Transformation de la Suisse 1847-1920, de Bridget Dommen. L’ouvrage retrace, à travers le destin de Georges Dommen (1847-1920), un fils de paysan suisse alémanique qui devint un industriel à succès en Romandie, l’évolution de la Suisse durant la même période.
On y retrouve d’abord des anecdotes qui rendent certaines de nos polémiques contemporaines finalement bien ringardes. Dans les années 1880, la Revue du Dimanche se plaint déjà du fait qu’en raison de l’activité florissante d’une fabrique de lait condensé, l’on abîme «le charmant pays». D’autres se plaignent des nuisances des calèches qui transportent le lait. Des griefs que l’on pourrait croire venues du futur, par exemple d’un ouvrage de Roger Scruton, qui deviendra une figure de la pensée conservatrice du XXe siècle, sensible au patrimoine naturel. Avant que ce genre de sentence ne devienne, à notre époque, non sans contradiction, une posture progressiste largement soutenue.
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