CHRONIQUE. L’administration publique est le lobby le plus influent de Suisse. Avec des salaires qui augmentent, ce cocktail rend artificiellement séduisant un secteur qui vit pourtant des excédents du privé
Vous connaissez peut-être la formule de Georges Clemenceau, qui disait que «la France est un pays extrêmement fertile: on y plante des fonctionnaires et il y pousse des impôts». Vous êtes sans doute moins nombreux à le savoir, mais, malgré sa géographie a priori hostile, la Suisse est également devenue un territoire exceptionnellement fertile quand il s’agit de voir fleurir des emplois publics.
Lors de la publication de l’indice suisse des salaires fin avril, un détail a retenu mon attention. Alors que les salaires réels ont, en moyenne suisse, baissé de 0,4% en 2023 par rapport à 2022, certaines branches ne vivent pas la crise. Le secteur qui s’en tire le mieux? L’administration publique, et sa progression des salaires réels de 1,5%. Cette évolution paradoxale n’est en réalité pas nouvelle. Elle s’inscrit dans une dynamique de fond, qui voit l’administration prendre davantage de place dans vos vies. En 2020, les économistes Christoph Schaltegger et Patrick Eugster démontraient déjà que si la Suisse comptait environ 58 000 employés de l’administration publique en 1995, ce nombre était passé, en 2018, à plus de 88 000 personnes (équivalents plein-temps). Soit une hausse de plus de 50%.
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