
Le Groupe de travail sur la détention arbitraire de l’ONU dénonce les jugements expéditifs prononcés à Tachkent contre la fille de l’ancien président ouzbek. De quoi compliquer encore davantage le procès qui doit avoir lieu en Suisse
C’est un nouveau caillou dans la chaussure du Ministère public de la Confédération (MPC), qui attend toujours de soutenir l’accusation au procès de Gulnara Karimova, la fille de feu l’ancien président ouzbek, accusée d’avoir dirigé une organisation criminelle baptisée «l’Office», pratiqué les pots-de-vin à grande échelle dans le secteur des télécommunications et dissimulé des sommes astronomiques via des sociétés écrans, des coffres-forts ou encore de l’immobilier. Ce caillou prend désormais la forme d’un avis du Groupe de travail sur la détention arbitraire de l’ONU, qui porte un regard sévère sur les procès intentés à Tachkent contre cette célèbre détenue, condamnée à une peine de 13 ans de prison dans son pays. Reste à savoir si le constat de ces graves violations aura une portée autre que symbolique là-bas, mais aussi en Suisse où les reproches s’appuient en partie sur ces jugements viciés.
Saisis par les avocats genevois de «la princesse», Mes Grégoire Mangeat, Fanny Margairaz et Romain Wavre, les experts onusiens ont publié fin juin une opinion de 15 pages. Celle-ci conclut que les droits à un procès équitable n’ont pas été respectés lors des trois procès ouzbeks (pas de défense effective, des débats expéditifs, une opacité totale) et que la détention de Gulnara Karimova, arrêtée en 2014, est dès lors arbitraire. Le Groupe de travail rappelle cette République d’Asie centrale à ses obligations et lui demande de le tenir informé des suites qui seront données.
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