
ÉDITORIAL. Plus encore que sa dépendance à la dépense publique ou son incapacité à créer de la croissance, le principal problème de la France repose sur l’irresponsabilité de sa classe politique
En se soumettant à un vote de confiance que les oppositions sont incapables de lui donner, François Bayrou plonge l’Hexagone dans l’inconnu et les marchés ne s’y trompent pas. La menace d’un choc comparable à la crise grecque n’est pas d’actualité mais la mise à l’arrêt d’une économie qui ne sait pas où elle va menace bien de pousser la France encore plus loin dans le cercle vicieux qui s’est emparé d’elle. Et le pays ne pourra s’en prendre qu’à lui-même car les conditions économiques de base sont loin d’expliquer à elles seules ces errances.
Les voyants ne sont sûrement pas tous au vert mais l’économie française et la capacité du pays à rembourser ses dettes ne se portent pas si mal. Le choc suprême ne devrait pas se profiler à court terme. Les Français et surtout leurs élus semblent cependant vouloir tout faire pour que le pays finisse par toucher le fond. Et si choc il doit y avoir, ce sera davantage l’inaptitude à se mettre d’accord et à prendre en main l’intérêt commun qui aura fait tomber la France.
Inconstance politique
Plus encore que sa dépendance à la dépense publique ou son incapacité à créer de la croissance, notamment par le travail et la productivité, le principal problème de la France repose en effet sur l’irresponsabilité de sa classe politique. Et dans une moindre mesure, non sans lien, sur l’incapacité de la population à prendre conscience de l’impasse budgétaire et de l’urgence d’une réaction. Cette nouvelle semaine psychodramatique de rentrée politique l’a bien montré.
Alors que la moindre mesure de réduction des dépenses ou d’augmentation des prélèvements provoque une levée de boucliers tantôt sectorielle, tantôt généralisée dans une population dont la colère est exacerbée par les extrêmes populistes, le premier ministre n’a effectivement rien trouvé de mieux que de jouer une partition ultra-alarmiste pour sauver sa peau, au risque de provoquer un choc sur les marchés financiers qui aggraverait encore la situation.
Pire, la combinaison de son pari perdu d’avance et de la réaction pavlovienne des oppositions plonge la France dans une nouvelle période d’instabilité majeure dont tous les observateurs s’accordent à dire qu’elle est le pire de maux. C’est cette inconstance politique qui menace le plus l’économie française.
A force de mettre des bâtons dans les roues de son économie par calcul politique ou corporatiste, la France pourrait bien réussir à créer elle-même les conditions de propre sa chute.