
ÉDITORIAL. Ces quinze dernières années ont vu le modèle américain de la start-up s’imposer. La Suisse n’a pas échappé à ce phénomène mais les jeunes pousses n’ont pas encore complètement répondu aux espoirs
En 2021, les fondateurs de la start-up vaudoise Bestmile ont vu leurs ambitions voler en éclats. Liée au développement de la voiture autonome, leur entreprise, pourtant jugée prometteuse, n’a pas survécu à la pandémie.
Aux Etats-Unis, de nombreuses jeunes pousses technologiques subissent actuellement les mêmes affres, victimes de la hausse des taux d’intérêt, qui a signé la fin de l’argent «facile». Selon des chiffres relayés par le Financial Times, les faillites ont explosé de 60% l’an dernier. Qu’en est-il en Suisse? Après avoir atteint un niveau record en 2023, les dépôts de bilan continuent d’augmenter tous secteurs confondus cette année.
### La relève économique en jeu
Cette tendance globale nous renseigne peu sur l’état de santé du vivier de start-up en Suisse. L’accès au financement étant devenu plus difficile, une certaine sélection est inévitablement en train de s’opérer.
Il s’agit de la première véritable mise à l’épreuve pour ce type de sociétés, dont la Suisse s’est entichée depuis le début du siècle. Dans un pays caractérisé par un tissu d’entreprises familiales habituées à croître lentement mais très sûrement, l’enjeu est de taille. Il s’agit de préparer la relève économique. Et si les milliards ont plu ces dernières années sur les jeunes pousses, on peine encore à distinguer les Sika, LEM, Bobst de demain et autres.
L’engouement suscité par les start-up a stimulé l’entrepreneuriat et inculqué la culture de l’échec, mais il a aussi éclipsé le modèle de la PME traditionnelle. Moins glamour que son pendant californien, la petite et moyenne entreprise dispose pourtant d’atouts redoutables, à commencer par sa rentabilité et son indépendance.
A l’heure du départ à la retraite des babyboomers, plusieurs de ces PME cherchent des dirigeants. Cela tombe bien, car si certains entrepreneurs n’ont pas rencontré le succès escompté dans le monde des start-up, ils ont engrangé une inestimable expérience. A l’exemple des deux fondateurs de Bestmile, qui ont très vite rebondi, l’économie suisse a tout intérêt à profiter de ces jeunes talents.