
La biotech installée à Ecublens (VD) traverse une nouvelle passe difficile, et devrait licencier une trentaine de collaborateurs. Marquée par une série d’échecs dans ses recherches contre la maladie d’Alzheimer, elle avait annoncé début 2024, la fin de dix-huit ans de collaboration avec Roche
La société biopharmaceutique vaudoise AC Immune enchaîne les déconvenues depuis quelques années. Elle vient d’annoncer ce jeudi qu’à l’issue d’une révision de sa stratégie, elle allait recentrer ses activités sur son portefeuille de produits clés. En conséquence, le laboratoire va réduire ses effectifs d’environ 30%.
«Cela signifie que 31 collaborateurs sur 170 seront licenciés», a précisé Andrea Pfeifer, cofondatrice et directrice générale d’AC Immune depuis 2003, à l’agence AWP. Ces changements devraient intervenir d’ici fin 2025 et la pleine application de la réduction des coûts début 2026. «Il s’agissait de préserver la société sur le long terme. Trouver les capitaux dans le secteur des biotechnologies est devenu très dur, voire presque impossible», a-t-elle indiqué.
La biotech mettra désormais l’accent sur le développement clinique avancé du portefeuille d’immunothérapies actives pour les maladies d’Alzheimer et de Parkinson, précise-t-elle dans un communiqué. Ses efforts porteront également le développement de candidats médicaments à forte valeur ajoutée permettant le ciblage intracellulaire.
Objectifs cliniques inchangés
Les mesures prises vont prolonger la marge de manœuvre financière d’AC Immune. Des liquidités de 127,1 millions de francs au 30 juin 2025 permettent désormais de financer les opérations jusqu’à la fin du troisième trimestre 2027, hors paiements d’étape dans le cadre de contrats existants ou potentiels.
Les objectifs cliniques à court terme restent inchangés. En outre, aucune augmentation de capital n’est prévue actuellement. «Nous comptons sur les résultats de nos études cliniques en cours pour augmenter la valeur de la société et les paiements d’étape de nos partenaires», a encore ajouté Andrea Pfeifer.
Des échecs successifs
Ce n’est pas la première fois qu’AC Immune fait état de ses difficultés financières dans un environnement peu propice aux levées de fonds, d’autant plus que la biotech est cotée à New York. En mai 2024, elle avait annoncé la signature d’un accord de licence avec le géant japonais Takeda concernant l’ACI-24.060, immunothérapie active ciblant les formes toxiques de bêta-amyloïde (une protéine qui forme des plaques au niveau du cerveau impliquées dans le développement de la maladie). Le laboratoire nippon avait ainsi obtenu les droits à l’échelle mondiale pour ce traitement au niveau mondial.
Pour AC Immune, ce partenariat s’est traduit par un versement initial de 100 millions de dollars (80,6 millions de francs) avec «des frais d’exercice d’option et des jalons potentiels supplémentaires pouvant atteindre environ 2,1 milliards de dollars». Andrea Pfeifer reconnaissait alors auprès du Temps, que bien qu’elle ait souhaité poursuivre le développement de ce médicament à l’interne, «la dernière étape de développement et la commercialisation sont encore une marche trop haute pour nous». AC Immune avait également levé 50 millions de dollars en proposant à la vente 14,3 millions d’actions ordinaires en décembre 2023.
La société, qui s’est spécialisée dans la recherche sur les maladies d’Alzheimer et de Parkinson, avait cependant entamé l’année 2024 par un revers majeur. En janvier, elle annonçait la fin de sa collaboration avec le géant bâlois ROCHE et sa filiale Genentech. Un événement qui a marqué la fin de dix-huit ans de recherches communes dans le développement de traitements contre alzheimer. Entre 2019 et 2022, les deux molécules sur lesquelles les partenaires travaillaient avaient cependant connu une succession d’échecs dans différents essais cliniques.
Des échecs qui ont durement touché la biotech vaudoise, dans le cours boursier a chuté de plus de 80% depuis début 2018. En fin d’après-midi le titre reculait de 5,5% suite à cette annonce.