Ce graphique, actualisé en temps réel, illustre l’évolution en pourcentage de la capitalisation boursière des géants technologiques américains depuis l’investiture de Donald Trump pour son second mandat présidentiel, le 20 janvier 2025.
Placements: la tech américaine perd-elle de son éclat?Pendant de nombreuses années, les actions technologiques étasuniennes ont assuré des rendements confortables aux investisseurs. Les géants de la tech resteront-ils ces cornes d’abondance ou le moment est-il venu de changer son fusil d’épaule? Où trouver des actions prometteuses? La fureur tarifaire du nouveau président étasunien et la guerre commerciale qui en résulte ont fait fuir les investisseurs des bourses étasuniennes. Pendant des années, cela tenait de l’évidence: quiconque recherchait des actions «sûres», avec une forte croissance et des rendements au-dessus de la moyenne, trouvait son bonheur dans la tech étasunienne. Les conséquences des tarifs douaniers devraient impacter en premier lieu les consommateurs étasuniens – avec une pression inflationniste correspondante. C’est ce qui a conduit à une révision à la baisse des prévisions de croissance pour l’économie et les entreprises – et on perçoit déjà des craintes de récession. Dans ce contexte, la forte croissance des valeurs technologiques risque de marquer le pas, et les valorisations déjà élevées apparaissent soudain astronomiques. Des parallèles à la bulle dotcom?Assistons-nous à un remake de l’année 2000, lorsque les excès dans le secteur internet ont conduit à l’éclatement de la bulle dotcom et que les bourses ont ensuite été à la peine pendant des années? «Parmi les similitudes, on peut relever l’enthousiasme des ménages et des entreprises pour la technologie et l’innovation, les valorisations élevées de certaines entreprises ainsi que les investissements massifs dans certains projets à la rentabilité incertaine», estime Clément Inbona, gestionnaire de fonds pour le gérant de fortune La Financière de l’Echiquier. A la différence de la bulle dotcom, il s’agit aujourd’hui d’un secteur rentable, avec des recettes bien réelles, des valorisations modérées et des obstacles nettement plus élevés à l’accès au marché. De nombreux groupes technologiques opèrent dans des structures de type oligopole, voire d’un quasi-monopole, ce qui contribue encore à consolider leur position sur le marché. «La révolution de l’IA a déclenché une énorme vague d’investissements dans la technologie, qui a conduit à des taux de croissance élevés dans le secteur, au cours de ces dernières années. Les cinq principaux acteurs du secteur ont investi, ensemble, plus de 350 milliards entre 2023 et 2024», précise Tilmann Galler, Global Market Strategist chez JP Morgan Asset Management. Selon ce dernier, les entreprises technologiques étasuniennes seraient des leaders technologiques dans de nombreux domaines, ce qui expliquerait leur croissance au-dessus de la moyenne. Après le boom initial, JP Morgan s’attend toutefois à un fléchissement des taux de croissance. «Malgré cela, la solide position de la tech étasunienne sur le marché devrait lui assurer des taux de croissance supérieurs à la moyenne pendant un certain nombre d’années encore», déclare Tilmann Galler.
«La plupart des entreprises technologiques étasuniennes profitent de la numérisation, du cloud computing, de la vague IA, etc., ainsi que de marges bénéficiaires élevées», note Nannette Hechler-Fayd’herbe, stratège en investissements chez Lombard Odier. Cela ne signifie toutefois pas que ces actions doivent être considérées comme «sûres», car la concurrence est dynamique – il suffit de penser à l’entrée sur le marché d’OpenAI ou au déclin de Nokia ou de BlackBerry. «Le seul élément sûr des valeurs technologiques est ses investissements considérables pour maintenir son avance sur la concurrence», ajoute la stratège de Lombard Odier. L’argent va vers l’Europe – et la ChinePour la première fois depuis des années, on assiste à une réorientation des investissements des Etats-Unis vers le Vieux-Continent. Mais dans quels titres diversifier les parts dédiées aux entreprises technologiques? A côté de SAP et d’ASML (l’entreprise leader dans les machines lithographiques pour la production de semi-conducteurs), il n’y a que peu d’entreprises susceptibles de jouer un rôle prépondérant à l’échelle mondiale. Dans ces circonstances, le nouvel eldorado des entreprises informatiques serait-il la Chine? Selon Nannette Hechler-Fayd’herbe, l’écosystème d’innovation des Etats-Unis est résistant et dispose de connaissances spécialisées et de ressources financières importantes. La Chine aurait toutefois fait la preuve de sa capacité d’innovation aussi bien pour ses produits que pour ses prestations et ses processus. Les deux régions offriraient des opportunités. En graphique La valeur des géants de la tech sous Trump II Selon le stratège de JP Morgan, DeepSeek a montré que, malgré les adversités et les restrictions d’exportation des Etats-Unis, le secteur technologique chinois n’est pas aussi en retard que le prétendent les marchés. «La valorisation reste plus avantageuse qu’aux Etats-Unis, mais après le rallye de ces six derniers mois et les incertitudes concernant la politique commerciale, les opportunités de la Chine se situent plutôt dans le domaine des titres isolés que sur une large base», fait remarquer Tilmann Galler. Et après l’IA?«Dans le domaine des technologies, les leaders mondiaux sont aux Etats-Unis, les leaders régionaux en Chine. Pour des raisons stratégiques, ces marchés sont toutefois très fermés», déclare Clément Inbona. Cela explique les performances très divergentes des marchés boursiers ces dernières années. Dans un monde en pleine mue multipolaire, la diversification permettrait de réduire les risques. Les technologies ont incontestablement impacté nos vies, au cours de ces vingt dernières années. De nouvelles tendances apparaissent sans cesse: cloud computing, voitures autonomes, informatique quantique et IA ont poussé les valeurs boursières des Sept Magnifiques vers des hauteurs stratosphériques. Cette appellation dérive du titre anglais du western The Magnificent Seven («les Sept Mercenaires» en français) et se réfère aux sept groupes technologiques qui affichaient une forte croissance, ces dernières années: APPLE, MICROSOFT, Alphabet (la maison Alphabet de Google), AMAZON, Nvidia, le groupe Meta (anciennement Facebook), et Tesla. Les nouvelles tendances technologiques reposent toujours sur la puissance de calcul et les semi-conducteurs, ce qui stimule ces groupes. Lombard Odier est toujours à la recherche de nouvelles idées. D’après Nannette Hechler-Fayd’herbe, l’IA offrirait déjà quelques opportunités, mais il n’y aurait encore que très peu d’entreprises purement cotées en bourse dans le domaine des technologies quantiques et de la blockchain. «Dans trois à cinq ans, l’informatique quantique pourrait être suffisamment mature pour donner naissance à davantage d’entreprises cotées en bourse», estime la stratège de Lombard Odier, répondant à la question de l’après-IA.
Depuis peu, les actions technologiques montrent à nouveau une évolution plus sereine. L’indice Nasdaq 100, qui reflète l’évolution des cours des 100 plus grandes entreprises étasuniennes cotées en bourse, s’est redressé et a déjà presque compensé la chute des cours liée à l’annonce des tarifs douaniers par Donald Trump lors du Liberation Day, début avril. Trois raisons à cela: Trump a suspendu les tarifs douaniers pour 90 jours, les entreprises technologiques ont présenté de solides résultats trimestriels et le choc de l’IA s’est estompé, les succès surprenants de la start-up chinoise à bas prix DeepSeek ne vont pas chambouler le secteur. La tendance est ton amieAvec leurs chiffres du premier trimestre, les géants étasuniens de la tech ont montré qu’il fallait continuer de compter avec eux. Les objectifs ambitieux des analystes ont été atteints. Du fait que les cours des actions sont toujours un pari sur l’avenir, ce sont toutefois les perspectives qui intéressent avant tout. Et sur ce plan, la situation est contrastée. C’est surtout APPLE qui fait état de problèmes, après avoir cédé à MICROSOFT le premier rang des entreprises les plus valorisées en bourse, au début de l’année. Dans un marché en croissance, les ventes d’iPhone ont chuté de 10%. En raison de sa production en Chine, APPLE pourrait être l’une des principales victimes de la guerre tarifaire. L’entreprise prévoit de déplacer sa production en Inde. Il en va tout autrement de MICROSOFT, qui est désormais à l’avant-garde de l’IA grâce à sa coopération avec OpenAI. Tout comme chez AMAZON, le cloud computing connaît également un véritable boom chez Microsoft. Ces deux groupes ont investi plusieurs dizaines de milliards au cours du premier trimestre. Cela profite également à Nvidia, qui produit les semi-conducteurs les plus performants pour l’IA. Alphabet a récemment subi des pressions en raison d’une discussion sur la scission de la division moteur de recherche de Google. L’entreprise réagit en adoptant une politique plus favorable aux actionnaires et prévoit de verser pour la première fois des dividendes. «Si les Sept Magnifiques utilisent judicieusement leur cash-flow disponible – en réinvestissant dans leur croissance organique, en visant si nécessaire une croissance externe et en offrant une rémunération appropriée aux actionnaires –, nous pouvons les garder dans notre portefeuille la conscience tranquille», affirme Nannette Hechler-Fayd’herbe. «Nous estimons que quelques-uns des Sept Magnifiques, mais pas tous, ont un avenir glorieux», ajoute Tilmann Galler. Selon ce dernier, le rythme des innovations serait élevé, et toutes les entreprises ne seraient pas en mesure de tenir ce rythme. Les tendances sont difficiles à identifier, et même si l’on a misé sur la bonne tendance, ce n’est pas encore gagné. Qui aurait pu prévoir, lors de l’avènement d’internet, le développement de concepts tels qu’Uber, Instagram ou Bitcoin? Même les entreprises qui misent sur des produits demandés, mais qui font des erreurs lors de leur mise en œuvre, peuvent faire partie des perdants. Des entreprises comme Ebay, Netscape, INTEL et d’autres en savent quelque chose. A une époque d’excès de liquidités, avec des taux négatifs et du quantitative easing (rachat de dettes publiques par les banques centrales), nombreuses sont celles qui ont profité de cette abondance d’argent. Actuellement, les marchés souffrent en raison des incertitudes liées au protectionnisme et des craintes de récession. Les actionnaires devraient par conséquent revoir leurs ambitions: même en misant sur les bons titres, les hausses des cours de ces dernières années devraient appartenir au passé. Mardi 24 juin 2025, 11h01 - LIRE LA SUITE ![]()
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