Pierre Veya, une plume, une rigueur et une figure du journalisme romand, s’est éteint

Le journaliste, qui fut rédacteur en chef du «Temps» de 2010 à 2015, est décédé samedi. Nous lui rendons hommage. Salut Pierre!

Pierre Veya appartient au cercle de ces personnalités qui ont profondément marqué le paysage médiatique de Suisse romande. Affecté par une maladie foudroyante, celui qui fut le troisième rédacteur en chef du Temps, de 2010 à 2015, est décédé samedi au CHUV à 63 ans, entouré des siens. Il laisse derrière lui son épouse, Donatienne, ses trois filles et ses petits-enfants dont il était très proche. Il venait de prendre sa retraite au printemps pour mieux se consacrer à sa famille et s’adonner à ce qui était devenu une passion irrépressible: écrire sur la transition énergétique et écologique, un impératif à ses yeux. Il venait d’annoncer, avec le journaliste Olivier Wurlod, le lancement d’un nouveau média en ligne exclusivement consacré à cette thématique, SwissPowerShift.ch. Un dernier geste d’audace journalistique qui dépeint bien la personnalité de Pierre Veya. Se lancer dans une telle entreprise après quarante ans de carrière dans le journalisme et dans un contexte médiatique très difficile en dit long sur la flamme qui l’animait encore.

En sa qualité de rédacteur en chef du Temps, quand celui-ci était encore installé dans ses bureaux de la gare Cornavin à Genève, il avait saisi avant bien d’autres responsables de presse que la science était et allait devenir un domaine absolument essentiel au (mieux) vivre-ensemble sur la planète. Sa curiosité sans fin, son intérêt très marqué pour l’énergie et l’écologie le poussaient à aller chercher un rapport d’une commission du Congrès américain ou une étude enfouie dans le site d’une grande université états-unienne pour offrir au public romand un regard nouveau sur une thématique liée à l’énergie. Pas étonnant qu’en 2008 il décide de s’envoler pour Snowmass, dans le Colorado, pour y rencontrer un physicien qu’il tenait en haute estime, Amory Lovins. Il fut séduit par la révolution «bio-inspirée» souhaitée par cet Américain qui n’hésitait pas à emprunter des chemins inexplorés.