
Il y a 40 ans, un jeune opticien vaudois bousculait le marché de la lunette en cassant les prix. Aujourd’hui à la tête d’un groupe de 20 enseignes, Marc-Etienne Berdoz veut en faire un acteur national incontournable
An de grâce 1984. Contrairement aux anticipations dystopiques de George Orwell, le monde n’est pas tombé sous la coupe de Big Brother mais il est divisé en deux blocs géopolitiques qui se regardent en chiens de faïence. Il faudra attendre cinq ans pour que le mur de Berlin tombe. Dans cette ambiance encore pesante, le disco vit ses derniers jours. La jeunesse se déhanche sur les tubes de Wham, Queen ou Cyndi Lauper, arborant des tenues bariolées de couleurs vives, volontiers fluo, flirtant ostensiblement avec le mauvais goût.
Dans cette société obnubilée par le paraître, les lunettes commencent timidement à se transformer en accessoires de mode. En Suisse, elles restent coûteuses, sévèrement encadrées par un cartel qui en contrôle les prix. En ouvrant le 16 octobre son premier magasin dans une zone commerciale d’Ecublens (VD), Marc-Etienne Berdoz n’a pas du tout le sentiment d’être un révolutionnaire au sens strict du terme; celui qui ne connaîtra jamais le statut d’employé est surtout mû par un fort désir de liberté. Son père a dû signer son contrat de bail à sa place: c’est que le jeune opticien vaudois n’a pas encore 20 ans, l’âge de la majorité à cette époque.
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