
Alors que de nouveaux acteurs surgissent, tel Parabox qui vient d’ouvrir un site de 1000 m² en plein centre de Genève, d’importants projets sont en train d’émerger
Le groupe genevois Paragon se diversifie et vient d’ouvrir mi-septembre son premier Parabox, 2000 m² de surface de stockage situés à quelques mètres à peine de la gare Cornavin. Son concurrent placeB nous a confié être sur le point d’ouvrir début 2026 deux sites supplémentaires à Vernier et à Renens. Enfin, le leader du marché genevois, Secur’Storage, vient de déposer une demande d’autorisation de construire un bâtiment dédié au stockage de six niveaux (dont deux en sous-sol) à la rampe Quidort à Genève.
Evolution sociétale
Pourquoi un tel engouement pour cette activité? A ne pas confondre avec les garde-meubles gérés par des entreprises de déménagement, le self storage (ou self-stockage) a notamment l’avantage d’être accessible en tout temps. A l’heure où les divorces, les déménagements, les changements professionnels ou encore le décès d’un parent se multiplient, les besoins en surface de stockage prennent l’ascenseur.
Il faut dire que l’espace devient une denrée rare. Les greniers sont une espèce menacée, tandis que les caves ont également la fâcheuse tendance à disparaître. Bref, comment faire quand on ne veut pas aller jeter à la déchetterie un beau meuble, ou que l’on n’a plus la place pour stocker des cartons de livres ou de DVD, par exemple?
Il semble que le premier self storage ait vu le jour en 2001 à Ecublens, à l’initiative d’Extra Self-Stockage, suivi rapidement par Easystock à Denges, Zebrabox à Lausanne, Selfbox.ch à Etoy ou encore Secur’Storage à Genève. Aujourd’hui, il existe même une association spécialisée, la Swiss Self-Storage Association (3SA). Il faut dire que de nombreux acteurs sont apparus depuis.
Dernier en date, Parabox ouvert à la mi-septembre en bas du quartier des Grottes (rue des Quatre-Saisons). Deux niveaux de parking en sous-sol (-4 et -5) peinaient à être loués, de quoi aiguiser l’intérêt du Groupe Paragon, actif dans la reconversion de bâtiments industriels.
Parabox mise à fond sur la numérisation et la sécurité. Le client reçoit un code pour télécharger l’application ad hoc qui va ensuite lui permettre d’ouvrir les différents portails, portes et sas, y compris celui de son box. «Si quelqu’un tente de forcer l’ouverture de votre box, vous recevez une alarme et nous également», explique Yan Grandjean, à l’origine de la mue de ce site. La mise aux normes anti-feu a pris du temps dans ce bâtiment qui avait été construit voici trente ans déjà. 400 box sont réparties sur deux niveaux, d’une taille qui varie entre 1 m² et 25 m². «Plus de 10% des box sont déjà louées alors qu’aucune publicité n’a été faite», se réjouit Mike Wolfson, le fondateur et directeur général du Groupe Paragon. Et les prix? «Nous pratiquons quasiment les mêmes prix que la concurrence car nous ne voulions pas lancer une guerre des prix», argumente-t-il. Une surface de 5 m² coûte généralement entre 100 et 200 francs par mois, selon l’emplacement.
A chaque fois, les sites de self storage proposent des places de parking pour la clientèle qui transporte souvent des meubles ou des cartons. Des distributeurs de chariots sont aussi à disposition pour éviter de se froisser inutilement une vertèbre. Autre avantage de ces sites: la stabilité du taux d’humidité et de la température, de quoi attirer aussi ceux qui veulent stocker des caisses de vin.
Concurrence accrue
Parmi les nombreux acteurs du self storage, citons placeB qui avait été fondé à Zurich par l’ancien directeur opérationnel de Zebrabox, Terry Fehlmann. Cet acteur dispose de 56 sites à l’heure actuelle et va en ouvrir un à Vernier (2500 m²) en mars prochain et un autre à Renens (980 m²) au printemps prochain. De quoi porter sa capacité globale à plus de 60 000 m³ (30 000 m²) de surface, ce qui correspond à 6500 box.
«Idéalement, nous cherchons des surfaces avec une hauteur sous plafond de 3 mètres, puis nous aménageons les box ensuite. Il faut que les lieux soient accessibles en voiture. Nous cherchons la centralité, en ville, pour être le plus proche possible du client», résume Tobias Kaufmann, directeur de placeB.
Comme Parabox, placeB a également développé une application qu’il suffit de télécharger pour gérer les ouvertures des portes et portails. Une façon intelligente de diminuer au maximum les frais de personnel. Parmi les nombreux atouts de la formule du self storage, le fait de pouvoir louer à partir d’une semaine avec certains prestataires, de pouvoir aussi changer de box très rapidement, afin d’adapter la surface à ses besoins qui peuvent évoluer très vite. Enfin, des possibilités de rabais existent entre 5 et 15% selon la durée du contrat.
Relevons que les sites sont généralement occupés à 85% deux ans après leur ouverture. Dès lors, dans ce marché encore en croissance, une consolidation des acteurs en présence est à prévoir. Des rumeurs parlent d’un possible rapprochement entre le n°1 du pays, Zebrabox, et le leader à Genève, Secur’Storage. Il faut dire que ce dernier a déposé une demande d’autorisation de construire le 16 juin dernier pour un grand bâtiment de stockage de six niveaux: quatre en surface et deux en sous-sol, pour une surface totale de près de 5000 m². On parle d’un investissement de plus de 8 millions de francs. Il faut dire que Secur’Storage dispose à l’heure actuelle de cinq sites, majoritairement situés dans la zone du PAV (Praille-Acacias-Vernets), destinée à se transformer en nouveaux quartiers majoritairement dédiés au logement d’ici trente ans. Bref, il y a fort à parier que la vingtaine d’acteurs qui occupent ce marché finissent par fusionner progressivement, avant même, pourquoi pas, d’entrer en bourse.
Un marché très fragmenté
Le leader suisse, Zebrabox gère 7750 espaces de stockage répartis sur 15 sites, dont Bussigny, Lausanne, Neuchâtel, Villeneuve. Cela représenterait des surfaces de stockage d’environ 45 000 m². Juste derrière, on trouve placeB avec 56 sites en Suisse répartis dans plus de 6900 espaces de stockage. D’après leurs informations, ils escomptent disposer de près de 30 000 m² d’ici à fin 2025. Secur’Storage à Genève exploite cinq sites, soit près de 1500 box qui représentent environ 22 000 m² de surface de stockage. Autre géant en Suisse romande: le Français Flexbox qui dispose de huit sites à Lausanne et Genève, avec 20 tailles de box différentes. Il gère environ 2300 box.