
A Berne, une partie de la droite s’est alliée à la gauche pour faire passer une mesure d’aide aux grandes fonderies frappées par la crise, contre l’avis du Conseil fédéral. Le vote est un message fort dans une Suisse qui se veut libérale et a toujours rechigné à soutenir ses entreprises
Un tabou est tombé lors de cette session à Berne, où traditionnellement le landernau politique se montre frileux à toute intervention directe dans l’économie. Ce début de semaine, les Chambres fédérales se sont mises d’accord pour soutenir quatre sociétés actives dans le secteur de l’acier, au travers d’un rabais sur les coûts du réseau électrique, pour un montant total d’environ 37 millions de francs. Même s’il demeure le vote final et l’acceptation d’une clause d’urgence, le parlement est en passe de tordre le bras au Conseil fédéral, qui n’a eu de cesse de répéter ces dernières semaines son opposition à toute aide financière envers des entreprises individuelles, quand bien même le secteur vit une crise sans précédent.
«Ce vote a quelque chose d’historique, car la Confédération n’intervient que dans le cas d’entreprises à l’importance systémique, comme lors du sauvetage du CREDIT SUISSE, ce qui n’est pas le cas ici», admet le conseiller national fribourgeois Nicolas Kolly, rapporteur de la Commission de l’environnement, de l’aménagement du territoire et de l’énergie, qui a la charge du dossier. A la tribune, l’UDC a plaidé en faveur de l’aide, contre l’avis de la majorité de son parti, et non sans provoquer de tensions. Pour le Fribourgeois, le domaine de l’acier a «un intérêt stratégique», autant pour une question d’autonomie nationale qu’environnementale, avec le maintien du recyclage de l’acier en Suisse. «Il est essentiel de ne pas laisser le pays se désindustrialiser pour devenir une économie uniquement de services», martèle encore Nicolas Kolly.
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