Peu rentable, le domaine des antibiotiques est délaissé par l’industrie pharmaceutique. Cette semaine, une organisation suisse et une société américaine ont présenté des résultats positifs pour un nouveau traitement conçu grâce à un partenariat public-privé
C’est une nouvelle rare dans la lutte contre la «pandémie silencieuse». Mercredi, le Partenariat mondial sur la recherche et le développement en matière d’antibiotiques (GARDP), organisation à but non lucratif suisse, et l’entreprise pharmaceutique américaine Innoviva Specialty Therapeutics (IST) ont présenté des résultats positifs dans une étude de phase III pour un nouvel antibiotique, résultat d’une collaboration public-privé. Destinée à lutter contre des souches pharmacorésistantes de la gonorrhée (infection bactérienne sexuellement transmissible qui peut provoquer la stérilité), administrée par voie orale, en dose unique, la zoliflodacine a tout pour plaire. Pourtant son développement illustre les difficultés liées à la naissance de nouveaux antibiotiques, un terrain aujourd’hui délaissé par l’industrie pharmaceutique.
Un rapport paru en 2019 dansla revue scientifique Lancet estime que la résistance aux antimicrobiens est directement responsable de la mort de 1,27 million de personnes à travers le monde et qu’elle est associée à près de 4,95 millions de décès. A titre de comparaison, le nombre de morts liés aux cancers s’élevait en 2020 à environ 10 millions. Pour l’Organisation mondiale de la santé, il s’agit de «l’une des plus graves menaces pesant sur la santé mondiale», et pourtant l’innovation dans le domaine est au point mort.
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